Omar Oulamara vient de publier au HCA un ouvrage intitulé Tullianum**, nom de l'horrible cachot où Jugurtha, roi de Cirta, fut encellulé à Rome. Il y meurt de faim et de froid après six jours de détention. Trahi par son beau-père Bokus, devenu alors l'allié des Romains, Jugurtha sera fait prisonnier et emmené à Rome. Enchaîné, il marche devant le char triomphal de son terrible ennemi le général Marius, le 1er janvier de l'an 104 avant J.-C., suivi de ses deux fils et une partie de son armée. Après de longues recherches bibliographiques, des études rapprochées et comparées de divers ouvrages, Omar Oulamara opte pour un travail de redressement des faits rapportés tendancieusement par Salluste, auteur du célèbre ouvrage La guerre de Jugurtha, écrit 60 années après la mort du roi berbère. Enjambant l'objectivité de l'histoire et pour justifier l'élimination de Jugurtha, il est aisé de remarquer que Salluste l'a astreint, assujetti et tyrannisé en l'exhibant comme un damné, un hors-la-loi, cherchant ainsi à valoriser et à hypostasier la valeur du Sénat romain à travers les prouesses d'un de ses généraux, Marius. C'est à ce prisme déformant et pernicieux que Omar Oulamara répond par une rectification des faits historiques. Après avoir fait, en raison, un voyage d'études en Italie, l'auteur de Tullianum rétablit Jugurtha dans son véritable rôle et son profil de résistant, d'homme de paix, de justice et constructeur d'une nation où les citoyens sont libres et refusent toute forme de soumission. Oulamara restitue Jugurtha dans sa nature de personnage profondément imprégné des principes généreux, mais fermes, de son grand-père Massinissa qui a bâti un grand Etat étalé sur le vaste et profond territoire d'Afrique du Nord. Utilisant la méthode de la conjecture, procédé universel et universitaire qui s'appuie sur la recherche, l'analyse, le rapprochement, la synthèse, l'hypothèse et l'assemblage, Omar Oulamara ose l'heureuse répartie en associant toute une composition de données historiques pour rapporter et imaginer les effroyables et abominables souffrances endurées par Jugurtha durant ses six derniers jours au fond de l'étroite et glaciale prison de Tullianum. L'ouvrage contient un reportage photographique, rapporté du voyage d'études, où l'on voit le cachot de Tullianum, les rues du Colisée et du Capitole, une partie du pavé avec ses dalles encore en l'état et sur lequel Jugurtha marcha enchaîné. Un plan de situation est également présenté permettant à tout un chacun d'accéder aux sinistres lieux à Rome. Lorsqu'on sait que toute l'histoire et la civilisation de la Grèce antique, pour ne citer que ce pays, reposent sur des ouvrages de l'imaginaire et de la mythologie signés d'auteurs de renom comme Homère, Sophocle et autre Fénelon, il était temps, urgent et de plein droit que l'historien et universitaire Oulamara intervienne pour redonner la voix aux siens à travers l'histoire revisitée. Il vient de commencer par celle de Jugurtha en attendant de la donner aux autres dans ses prochaines publications. A. A. ([email protected]) * Omar Oulamara est docteur d'Etat ès sciences physiques. Ancien élève du cours de berbère de Mouloud Mammeri. Il a également enseigné à l'université de Tizi Ouzou. Il est actuellement ingénieur dans une compagnie industrielle multinationale. ** Tullianum est disponible au HCA et est téléchargeable gratuitement sur le site de Google