Le choc Manchester-Barcelone en finale de la Ligue des champions mercredi à Rome va opposer deux entraîneurs aux profils dissemblables : le “maître” Sir Alex Ferguson, 67 ans, des trophées en pagaille, et “l'espoir” Josep Guardiola, 38 ans, qui vit sa première saison sur le banc. Ferguson, après une discrète carrière de joueur cantonnée au championnat écossais dans les années 60-70, est devenu au fil des ans un des entraîneurs les plus réputés du monde grâce à sa formidable réussite à Manchester où il officie depuis 1986. À son conséquent palmarès figurent notamment deux Ligues des champions et onze titres de champion. Guardiola, plus jeune de 29 ans, fut un grand milieu, capitaine du “mythique” Barça des années 90 sous les ordres de Johan Cruyff, vainqueur de la C1 en 1992 et de six championnats. Sur le banc, c'est en revanche un néophyte : avant de prendre la tête des Blaugrana en début de saison, son expérience se limitait à une année à la tête du Barça B. Cela ne l'empêche toutefois pas de réaliser des débuts fracassants puisque son équipe a déjà emporté le championnat et la Coupe d'Espagne, ce qui augure d'une belle carrière pour lui. Ferguson n'aurait naturellement jamais pu bâtir une telle carrière sans une forte personnalité et un caractère bien trempé. À MU, il n'y a qu'un maître à bord, c'est lui. Et gare à quiconque s'oppose à son autorité : des joueurs aussi réputés que Paul Ince, David Beckham ou Ruud van Nistelrooy on été priés d'aller voir ailleurs dès lors que leur comportement n'était plus en harmonie avec les désirs de l'Ecossais. Ses colères sont “légendaires”, et, Beckham, encore lui, qui prit un jour de 2003 une chaussure en pleine figure (ce qui nécessita ensuite la pose de quelques points de suture), ne dira pas le contraire. D'un abord austère et sérieux, Guardiola a, lui, fait très fort dès sa première année : remettre de l'ordre dans un vestiaire qui, à la fin du mandat de son prédécesseur Frank Rijkaard, ressemblait de plus en plus à une pétaudière. Les deux techniciens ne sont pas des originaux dans le sens où il font jouer leur formation selon des principes bien établis. À MU, Ferguson a réussi à créer une savante alchimie, où le collectif passe avant tout mais sans brider les individualités. Son 4-3-3 repose sur une défense de fer organisée autour de l'axe Ferdinand-Vidic (24 buts seulement encaissés en 38 rencontres de championnat, et 6 en 12 matches de C1), un milieu et des ailiers aussi offensifs que travailleurs aux côtés de l'attaquant vedette Cristiano Ronaldo. Au Barça, Guardiola perpétue plus que jamais la tradition du club, en droite ligne de Cruyff : des passes et encore des passes, de la vitesse, du jeu et encore du jeu. Avec nombre de joueurs issus du centre de formation (Puyol, Xavi, Iniesta, Messi...) qui se trouvent les yeux fermés, c'est une réussite totale au regard du nombre incroyablement élevé de buts marqués : 104 en Liga, 30 buts en C1 ! Aujourd'hui, le jeu léché du club catalan fait l'admiration de l'Europe.