La réaction par rapport aux déclarations de certains ambassadeurs sur les instructions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur l'investissement étranger en Algérie, intervenu lundi dernier à l'Assemblée populaire nationale (APN), a constitué l'essentiel du débat d'hier au Forum d'El Moudjahid. Un débat devant traiter initialement des nouvelles mesures publiques en matière d'investissement, a en effet abordé en long et en large les instructions d'Ouyahia et la réaction de certaines ambassades étrangères accréditées à Alger par rapport à ces instructions. Il faut dire à cet égard que l'ensemble des participants et animateurs du débat (Réda Amrani, un consultant, Khaled Boukhelifa, ancien directeur au ministère de l'Energie et des Mines, un directeur au niveau de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) ainsi qu'un membre du Conseil de la nation) se sont accordés à critiquer les réactions des ambassades qui se sont élevées contre les instructions d'Ouyahia. “Nous n'avons de leçons à recevoir de personne”, a été en effet l'expression la plus récurrente dans toutes les interventions faites hier. Khaled Boukhelifa, ancien directeur au ministère de l'Energie et des Mines et consultant dira que “tous les pays adoptent des mesures protectionnistes à l'égard de leur économie”, dira-t-il d'emblée, avant de donner l'exemple des Américains qui ne voulaient pas que les Chinois investissent leur domaine énergétique. “Les Américains ont opposé leur veto”, dira-t-il, avant de noter que “tous les pays qui chantent l'ultralibéralisme adoptent le patriotisme économique”. Il enchaînera pour dire qu'“à mon avis, nous ne devons pas amplifier la réaction des ambassades, elles n'ont pas de leçons à nous donner”, avant de préciser que “les étrangers, même avec la crise financière mondiale prenaient des mesures protectionnistes à l'égard de leur économie pendant qu'ils nous chantent les règles du libéralisme”. “Il faut qu'on trouve des arguments sur le terrain pour les contrecarrer, car il s'agit de protéger les intérêts de notre économie”, notera-t-il, tout en expliquant que “ce n'est pas vrai que les mesures de 30% et de 51% vont faire partir les investisseurs qui, de toute façon, ne sont venus que pour investir dans des secteurs très rentables pour eux”. Rappelant la facture faramineuse des importations, l'intervenant donnera un autre argument. “On ne peut pas reprocher à un pays de vouloir réduire sa facture des importations”. De son côté, le membre du Conseil de la nation, Mohamed Khoudja, expliquera que “les étrangers ont transféré beaucoup d'argent sur notre dos et maintenant, il faut remettre les choses en place”, avant de donner un exemple : “Il y a ceux qui ont investi dans le ciment et qui ont vendu après leurs parts de la société créée pour la production de ce matériau de construction”. “Je me prononce en ma qualité de parlementaire et donc de représentant du peuple pour dire que nous n'avons pas de leçons à recevoir de personne, mais nous avons l'obligation d'aller progressivement pour sauvegarder notre économie”, dira-t-il à cet égard, avant de noter que “je n'ai pas peur des réactions des ambassades et des institutions internationales”. Et de noter que “même les économies pionnières du libéralisme protègent leur économie, ce qui doit nous inciter à revoir la procédure de l'investissement, selon l'instruction d'Ouyahia”. “Il faut que l'Algérie prenne des mesures de sauvegarde de ses intérêts”, notera-t-il encore. Réda Amrani, consultant, notera de son côté que “nous avons tout ouvert depuis 15 ans et n'importe qui pouvait travailler et ouvrir un registre du commerce en Algérie”, avant de poursuivre que “les investisseurs étrangers ont pris la rente énergétique”. “Nous n'avons pas à offrir la rente, qui appartient aux Algériens, aux investisseurs étrangers”, affirmera-t-il encore, avant de préciser qu'“il faut mettre en place des budgets pour l'investissement”. Le représentant de l'Ansej évoquera les mesures prises par les pouvoirs publics pour la promotion de l'investissement.