Le ministre de l'Education nationale a évoqué des raisons liées à l'hostilité de la société algérienne envers la langue française durant les années de la tragédie nationale et également le déficit d'encadrement de cette matière. Tout le monde sait que plusieurs élèves sont privés des cours de français dans certaines écoles de l'intérieur du pays pour des raisons liées à l'encadrement. Mais c'est la première fois qu'un responsable reconnaît les dispenses de cette matière dans les examens. En effet, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a déclaré en marge de sa visite d'inspection dans la région de Laghouat à l'occasion du lancement des épreuves du BEM que près de 1 000 élèves, à l'échelle nationale, sont dispensés de l'épreuve de langue française dans les deux examens de fin des cycles primaire et moyen. Pour le ministre, au-delà du manque d'encadrement, l'hostilité de la société algérienne envers cette langue particulièrement dans les wilayas du Sud et de l'intérieur du pays a également pesé. “Durant les années 1990, la langue française tout comme les sports féminins étaient interdits dans certaines régions qui ont subi le terrorisme. Des milliers d'élèves ont été privés de cette langue à cette époque. Avec la réforme scolaire, nous avons combattu ces idées, mais il reste quelques-uns qui représentent à peine 0,5% de taux d'élèves enregistrés à l'échelle nationale”, a encore expliqué le ministre. Un taux qui semble dérisoire, mais qui représente 1 000 élèves qui ont été privés de langue française aux épreuves de fin de cycle primaire et au BEM. Dans la wilaya de Laghouat, la direction de l'éducation fait état de 110 élèves dispensés à l'examen de fin de cycle primaire pour la session 2009. Quel sera leur avenir au CEM et au lycée ? Seront-ils dispensés de cette matière au baccalauréat ? Aller vers des dispenses dans cette matière ne serait-il pas une solution facile au lieu d'une véritable prise en charge ? Partant du principe des dispenses dans les épreuves d'examens, des élèves pourront revendiquer la même chose dans d'autres matières prétextant le déficit. Certes, la langue française n'est pas une matière à fort coefficient comme les autres, mais elle figure parmi les langues étrangères à enseigner à l'école algérienne. Toutefois, elle devrait jouir du même statut que les autres matières comme la langue anglaise D'autant plus que le gouvernement l'a désignée comme première langue étrangère à être enseignée. Déficit ou pression sociale, tous les élèves doivent subir les mêmes épreuves aux examens nationaux. Abondant dans le même contexte, des enseignants rencontrés à Laghouat ont soulevé le problème au ministre. “Il faut encourager l'enseignement de cette matière car dans certaines régions le français reste toujours mal vu”, a déclaré une enseignante de la langue française. Rappelant que le ministre de l'Education nationale a évoqué le problème du déficit d'enseignants de langue française à maintes reprises. Il a même organisé des concours de recrutement, mais le problème existe toujours particulièrement dans les wilayas du sud du pays. Durant sa visite, M. Benbouzid a déclaré, également, que près de 4 000 postes budgétaires avec des logements de fonction ont été dégagés pour le recrutement d'enseignants de français dans la région du Sud. Il a toutefois indiqué que cette proposition a connu une réticence de la part de plusieurs syndicalistes de l'éducation nationale. “Des rencontres ont eu lieu la semaine dernière avec plusieurs syndicats et le problème de manque d'enseignants de langue française dans la région du Sud a été évoqué. Je leur ai annoncé l'ouverture de 4 000 postes budgétaires avec des logements de fonction, mais cette proposition a été réfutée par les syndicalistes”, a-t-il indiqué. Le ministre a déclaré, par ailleurs, que le déficit dans cette matière sera totalement résolu dans un délai maximum de quatre ans. Nabila Afroun