Le secteur de l'éducation nationale est en deuil. Il a perdu deux des ses éléments — un troisième est blessé — lors de l'attentat qui a ciblé, avant-hier, le convoi qui ramenait les copies de l'examen du BEM vers un centre de correction dans la wilaya de Boumerdès. Bien qu'ils soient rattachés à la Direction de l'éducation du centre d'Alger et d'Alger-Est, les deux victimes ont été affectées à la commune de Timizrit (Boumerdès) en qualité d'observateurs durant les trois jours de l'examen du BEM. “Ce n'est pas possible…, pas lui. Il ne faisait que transporter les copies de l'examen. En quoi est-il dangereux le métier d'enseignant ?!”, s'exclame l'épouse d'une des victimes. Plus d'épreuves, plus de copies, plus d'élèves dans le lycée Mouslim-Mahieddine à Hussein-Dey en ce dernier jour de l'examen du BEM. Il ne reste que le silence pesant et les quelques chuchotements des voisins, des amis, des collègues et des élèves qui sont venus présenter leurs condoléances à la famille. La mort de M. Mohamed Baghdadi a surpris plus d'un. “Il était logé dans la wilaya de Boumerdès durant les trois jours de l'examen du BEM. Nous attendions son retour pour aujourd'hui”, dit son épouse. Père de quatre enfants, M. Baghdadi a rejoint l'enseignement en 1977, il y a fait carrière. Professeur en histoire-géographie, il a gravé les échelons jusqu'à devenir conseiller pédagogique d'éducation (ex-surveillant général) au lycée Mouslim-Mahieddine à Hussein-Dey. On lui reconnaît son professionnalisme, ses compétences pédagogiques et particulièrement sa gentillesse inégalée. “La Direction de l'éducation du centre d'Alger a perdu un grand homme. Cela fait près de 20 ans que nous travaillons ensemble, il lui restait à peine deux ans pour la retraite. Chaque année, il assurait les trois examens de l'éducation. Celui-là fut le dernier”, éclate en sanglots un de ses collègues. À 58 ans, laissant derrière lui quatre enfants et une épouse endeuillée, également enseignante, M. Baghdadi a rendu l'âme en accomplissant son devoir d'observateur d'examen à quelques kilomètres de la redoutable forêt de Sid-Ali-Bounab. Même sort pour M. Messaoud Khellas. Ils étaient ensemble dans le convoi qui assurait le transport des copies de l'examen du BEM. Ils avaient l'habitude de travailler ensemble durant les examens de fin de cycle. Titulaire d'une licence en littérature arabe, il a rejoint le corps enseignant en 1973 et a occupé le poste de professeur dans plusieurs établissements scolaires d'Alger-Est. Après 25 ans d'enseignement, M. Khellas devient sous-directeur des études (ex-censeur) au lycée Mohamed-Boudiaf à Dar El-Beïda. Dynamique, généreux, aimable…. Ses collègues du lycée ne tarissent pas d'éloges à son égard. “Au-delà de ses compétences professionnelles, il avait un grand sens de l'humour. Je garderai en mémoire son sourire et ses farces toute ma vie”, a déclaré Assia, une collègue. Père de quatre enfants, Messaoud Khellas est décédé à l'âge de 58 ans.