Le secrétaire général du RND ne croit pas trop à la création d'un nouveau parti par le frère du président Bouteflika. Pour Ahmed Ouyahia, “cela fait partie de quelques romances, fictions, dans les colonnes de la presse”. “On n'a pas vu ce parti”, a-t-il indiqué, hier, dans une conférence de presse à la fin de la 2e session du conseil national du RND. Il a, par ailleurs, exclu que l'existence de son parti dépende de la création de partis politiques. Une existence qui n'est pas, selon lui, soumise à la “géométrie politique du pays”. Il n'est d'ailleurs pas contre la nouvelle loi sur les partis et la loi électorale dont les projets ont été récemment annoncés. C'est une loi qui viendra mettre de l'ordre surtout depuis que les “valeurs nationales sont mises à l'abri par la Constitution”. Cela va permettre aussi, selon lui, d'en finir avec les partis qui vivent en vendant leurs listes, “le règne de la chekara (sac d'argent)”, dit-il. Cette loi, selon lui, participe de l'évolution politique du pays. Mais, il n'est pas question, pour l'instant, d'interdire, selon Ouyahia, les candidatures indépendantes qui seraient “faire violence au corps électoral”. D'ailleurs, a-t-il cité à titre d'exemple, l'élection présidentielle où la candidature est individuelle. “Le mal n'est pas dans le concept d'indépendance mais dans la promotion du mal qui guide la politique”, a-t-il dit. Même point de vue concernant les quotas de femmes dans les assemblées élues. Avec ses 67 femmes au conseil national, soit 26%, le RND se trouve un motif de fierté, toutefois, considère Ouyahia, le quota ne peut pas être une solution même s'il s'impose. Il défend en fait de la situation du pays et des spécificités régionales. “Le quota est une nécessité”, selon le SG du RND, mais Ouyahia émet une petite réserve à travers la difficulté à l'imposer dans les régions conservatrices. Outre l'adaptation de la pratique politique à l'évolution du pays, les deux textes seront des instruments pour assainir la scène politique en mettant en place des normes pour freiner les dérapages. Et le RND en est d'emblée favorable. Amnistie générale, juridiquement un non-sens Sur la question de l'amnistie générale, Ahmed Ouyahia précisera que le concept ne peut être “général” et que juridiquement c'est un non-sens. Et de rappeler que les politiques adoptées dans la gestion du dossier sécuritaire, rahma, concorde civile et réconciliation nationale ont contenu des dispositions amnistiantes. “On amnistie un fait”, a-t-il précisé. L'amnistie générale est donc, selon Ouyahia, “plus un débat ésotérique que de substance”. “C'est un leitmotiv dans un discours politique, qui n'a pas d'existence juridique”, a-t-il ajouté. Elle reste ainsi dans les limites du double traitement, militaire et politique, du terrorisme. Sur le volet économique, Ahmed Ouyahia a été dur avec certains investisseurs étrangers, particulièrement des entreprises françaises, les lobbies et “la culture de l'import”. La première salve est une réponse aux “alibis” de Renault. Le port de Belara, les procédures et les capacités de sous-traitance, sont des réponses aux raisons invoquées par le constructeur qui a choisi d'installer l'usine au Maroc. Et dire que le marché algérien est de 250 000 véhicules/an ! Le plus grand dans la région. Et il semble que c'est la mise en place de clauses normatives qui gênent des intérêts, notamment ceux des lobbies qui “veulent faire du chantage”. Sur ce point, Ouyahia qui endosse parfaitement la loi et son instruction avoue que “c'est une guerre contre les lobbies, un bras de fer tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais il demeure convaincu que l'Etat sera le vainqueur”. Aussi a-t-il comparé cette situation à un combat de boxe que la pesée détermine. Car à la pesée, quel que soit le poids, celui de l'Etat est supérieur. Il a présenté sa démarche comme étant une autre approche pour “freiner les importations — l'Algérie étant devenue une collectivité nationale d'importateurs — pour donner plus d'existence aux entreprises algériennes”. Entreprises publiques et privées à soutenir, a-t-il précisé. D'où l'affinement de la stratégie industrielle. Il conclut sur ce nouveau combat en disant que “ou nous restons fermes, corrigeons nos lacunes et rattrapons les retards ou bien nous cédons devant ce chantage”. Sur le délit de presse, tout en rappelant son affection et son respect pour la presse nationale, Ahmed Ouyahia a précisé que malgré cette loi, aucune personne n'a été emprisonnée. “La pénalisation n'est pas pour embastiller les gens de la presse”, a-t-il dit. Et même si un jour l'article en question est aboli, les amendes resteront, selon lui. Enfin, le conseil national a adopté les deux résolutions, politique et organique. Le conseil a décidé d'impliquer directement les élus dans la “promotion” du programme du Président et contrairement aux années précédentes, d'organiser des conférences régionales autour du thème de l'emploi au lieu d'une université d'été et une rencontre avec la communauté à l'étranger les 26 et 27 juin.