À l'occasion d'une rencontre internationale sur la publicité prévue les 6 et 7 juin à Alger, le patron de Canal+ Maghreb de la télévision payante nous a accordé cette interview. Il y présente des détails sur l'offre en Algérie, en particulier sur les prix, les promotions et le contenu du bouquet Canal+. Liberté : Quels sont les premiers résultats des activités de Canal+ en Algérie ? Bruno Thibaudeau : Nous sommes présents depuis seulement 3 à 4 mois en Algérie. Vous aurez les chiffres à la fin de l'année. On est en phase de construction du réseau. À l'automne, on saura si c'est gagné. On a des partenaires qui sont en train de faire le maillage du réseau de distribution des cartes Canal+ : mise en place des enseignes, des boutiques. Le réseau est en train de se mettre en place. Nous fonctionnerons à plein régime à partir de la fin de l'année. Plusieurs dizaines de milliers de cartes sont dans le réseau. Maintenant, on se concentre sur la construction du réseau de distribution. Le développement de l'offre Canal+ en Algérie interviendra entre septembre et octobre. On a différents partenaires. On a cinq partenaires maintenant, en particulier Magenta et Procomsat. Ces derniers assurent la construction du réseau. La distribution en Algérie des cartes Canal+, qui est une partie importante, restera aux mains des Algériens, c'est-à-dire de nos partenaires. Comment Canal+ se rémunère-t-elle ? À un prix “x” correspond “y”, la marge de distribution. Nous prélevons notre marge du prix de la carte. Quels sont les projets de développement de l'offre Canal+ en Algérie ? Notre engagement sera à la hauteur de ce que décideront nos partenaires algériens. Nous n'investissons pas dans la distribution ni dans la communication. Nous achetons les droits de diffusion. Par exemple, nous achetons auprès de Time Warmer les droits de 800 films diffusés par an. On négocie les droits également pour le sport. Nous louons les capacités d'Arabsat, un satellite dédié au Maghreb, cela coûte cher. L'Algérie est un très grand pays au regard de sa population. Les équipements technologiques qui permettent de recevoir la télévision payante sont disponibles. Il y a beaucoup de proximité avec les chaînes de Canal+. À nous de rendre compatible notre offre avec la demande sur le marché, les besoins de la clientèle. Allez-vous intégrer TF1 et M6 dans votre bouquet destiné à l'Algérie ? Naturellement, on va essayer de rendre la vie plus simple aux Algériens, en leur proposant une offre francophone adaptée à leurs besoins. Nous allons essayer d'intégrer TF1 et M6 avant la fin de l'année. Il y a une difficulté juridique à le faire. TF1 et M6 sont des chaînes nationales avec un réseau de diffusion analogique par satellite à l'horizon de la France. Il y a une question de droit : justifier le débordement de la diffusion de ces chaînes sur le Maghreb. Il faut trouver une solution. En tout cas, TF1 et M6 sont disponibles gratuitement. On peut les recevoir en analogique gratuitement. Quelles sont les actions de marketing prévues ? Ce sont les distributeurs qui font le marketing. La politique de marketing sera définie d'ici à la fin de l'année. On essaiera par exemple de mettre en clair un match de championnat de ligue 1 française qui intéresse le public algérien. On l'a fait récemment. Y aura-t-il des promotions, une baisse des prix des cartes ? Canal+ est une télévision payante. Rien n'est prévu pour les promotions pour l'instant. J'espère que d'ici à la fin de l'année, en fonction des choix qui pourraient être faits dans le futur, on proposera des promotions. Ce sont les distributeurs qui fixent la démarche, qui définissent la politique commerciale qui leur convient pour vendre les cartes Canal+. Nous sommes, par ailleurs, très attentifs à la notion de prix. Mais c'est une offre légale. On paie des taxes, la TVA. Toutes les taxes nous coûtent cher. On va proposer un petit bouquet pour les bourses plus modestes comportant une sélection de chaînes. Quels sont vos concurrents sur le marché algérien ? C'est un état d'esprit. À part ART et Al-Jazeera, on peut consommer en Algérie de manière gratuite. Cette consommation, on peut la transformer en offre légale. C'est là le challenge. Le bouquet destiné à l'Algérie est-il équivalent à celui diffusé en France ? C'est pratiquement le même bouquet avec quelques différences. Les films de catégorie adulte (films x) ne figurent pas dans ce bouquet. Il y aura certains droits sportifs qu'on va récupérer. En plus de la ligue 1 française, Canal+ Maghreb diffusera dans le futur quelques matches des championnats anglais et espagnol. Il faut savoir que c'est une télévision par zone de droits. On accède à des droits pour des marchés spécifiques. On vend des droits de football par pays. Ces droits sont acquis par les grands groupes du Moyen-Orient (Al-Jazeera, ART). Canal+ et ses partenaires vont acquérir ces droits si les Algériens expriment le besoin. Ils décideront s'ils vont avoir une offre étoffée. On y travaille. On essaie de créer un cercle économique vertueux pour que tout le monde gagne de l'argent. On est en train de passer d'une période de non-droit à une période de droit. Ce sont les Algériens qui décideront. Toutes les conditions sont réunies pour qu'on y arrive. On y travaille. Ce sont les utilisateurs algériens qui vont finalement acheter ces droits. Le contenu du bouquet sera-t-il enrichi ? Le contenu cinéma, séries, émissions ne changera pas. On diffuse 800 films par an. C'est énorme. Pour les chaînes, on essaiera d'offrir celles qui sont les plus pertinentes. L'offre pourrait évoluer en fonction de la demande. Quelle est la taille du marché que vous ciblez ? Il faut qu'on ait plusieurs centaines de milliers de clients en Algérie. Nous visons à atteindre cet objectif dans deux ou trois ans. Mais ce sont les Algériens qui décideront. On pense que l'Algérie est un grand marché, un grand pays. Il doit y avoir beaucoup d'Algériens qui sont susceptibles d'acheter les cartes. À quel horizon ? Nous proposons. Les Algériens disposent.