Les Verts jouent aujourd'hui une rencontre capitale contre les Pharaons. Ce soir à Blida dans une ambiance sans doute de folie, le football algérien joue gros, très gros même. Miné par une crise latente et une chute vertigineuse des résultats que ce soit au niveau des équipes nationales ou des clubs qui ont fini par le débusquer du gotha africain et le réduire à simple rôle de figurant, le sport roi, en Algérie, a certes une occasion-là de sortir la tête de l'eau, mais court surtout le risque d'une descente aux abîmes. En fait, autant la perspective d'une victoire contre le frère ennemi égyptien peut susciter un nouvel élan dans une discipline en quête d'exploits dans ce genre d'événements afin d'arracher aux politiques les moyens d'un développement durable, autant l'éventualité d'un échec est à même de faire sombrer le football dans le chaos. L'espoir est certain, mais le doute est bel et bien présent. La responsabilité est donc lourde sur les épaules des Ziani and co, appelé dès ce soir à jeter les jalons d'un retour sur la scène des Verts. En sont-ils capables face au double champion d'Afrique, venu à Blida pour chasser justement le doute après le faux pas à domicile contre la Zambie ? Pour sortir indemnes du piège égyptien, les Algériens doivent réunir deux forces principales vitales pour ce genre de matches. D'abord mentale, car il s'agira aujourd'hui d'être solide dans la tête eu égard à la pression de la rencontre et de son enjeu capital. L'éditorialiste de Liberté Foot, Lakhdar Belloumi, sait très bien de quoi il parle quand il évoque justement la nécessité à ce que les Verts soient lâchés aujourd'hui dans l'arène comme des gladiateurs. “Pour en avoir joué six, je connais ce qu'un Algérie-Egypte représente. Je mesure amplement l'importance d'une telle confrontation, aussi bien en qualité de joueur international que j'étais que pour le commun des supporters inconditionnels de l'équipe nationale que je suis redevenu par la suite. C'est le genre de matches qui se gagnent au cœur. Et au cœur seulement. Quand bien même, l'équipe nationale est très au point physiquement et tactiquement, elle ne pourra jamais aspirer à réussir quoi que ce soit dans un tel contexte si le cœur ne constitue pas son essentiel catalyseur d'énergie. La rage de vaincre aussi. À ce stade des éliminatoires, et vu l'importance quasi capitale du résultat de cette joute dans l'avenir proche, non seulement de cette génération de l'équipe nationale, mais aussi et surtout pour tout le football algérien, cela me rappelle étrangement la fameuse devise qu'a faite sienne la population nigériane, lors du déjà mythique match que nous avons gagné à Lagos, en 1981, à savoir vaincre ou mourir”, écrivait hier Belloumi. La seconde force que les Algériens doivent avoir aussi aujourd'hui, c'est de ne pas oublier que le match se joue et se gagne sur un terrain et non dans les tribunes. Il va falloir prendre le soin de bien jouer au football, de gagner les duels et de développer un jeu forcément meilleur que cette machine égyptienne. Il faudra être patient et ne pas courir derrière ce but libérateur. À ce titre, l'on est plutôt enclin à faire confiance aux Verts qui, faut-il le rappeler, ont renversé admirablement la vapeur contre le Sénégal lors du tour précédent alors qu'ils étaient menés à Blida même à quelques minutes de la fin du match. “Un succès face à l'Egypte est envisageable à condition bien sûr que les Verts n'aient pas déjà joué le match dans leur tête. Aux Verts de nous faire rêver. Au public de Blida de les encourager, de la première à l'ultime seconde de ce match couperet. Et l'Algérie du football d'espérer”, ajoute en guise de prière Mister Belloumi. Si Lakhdar y croit, lui qui fait partie de l'épopée du football algérien, alors les Verts peuvent le faire !