Si la première période est à mettre aux oubliettes, la seconde fut impressionnante. Il est dit quelque part que le dieu des stades allait donner sa bénédiction aux Fennecs aux dépens des Pharaons complètement momifiés. D'abord amorphes puis totalement transfigurés en seconde mi-temps - le tout dans une ambiance exceptionnelle -, les Fennecs ont produit un football de haute facture durant vingt minutes de rêve et de folie. Vingt minutes qui ont permis à la bande à Saâdane de planter trois banderilles assassines. Si la première période est à mettre aux oubliettes, la seconde fut impressionnante par son renversement total de physionomie et de situation. Totalement crispés en première période, les Verts vont agréablement séduire au point de nous faire rêver pour une seconde qualification au Mondial africain. L'EN retrouve son football et son jus, va de l'avant, se remet à faire frissonner. Le ballon est confisqué, les assauts soutenus et les actions de plus en plus dangereuses. Et au bout de la course trois beaux buts dignes des grandes stars mondiales. Un piqué vers le centre, deux dribbles en trois mouvements et une superbe pichenette signée Matmour, le plus «Allemand» des Algériens qui ouvre le compteur. Dieu que cette équipe aime à jouer avec les nerfs de ses supporters! Contre le Sénégal déjà, comme elle l'a déjà fait plusieurs fois au cours de la saison, elle a alterné le bon et le moins bon même s'il faut avouer que l'on n'a jamais été vraiment inquiets sur l'issue de la rencontre... Le second but est tout aussi beau que le premier: un centre parfait de Belhadj, un caviar diront les puristes du ballon rond sur la tête de «l'Italien» Ghezzal de Sienne qui catapulte le ballon au fond des filets de El Hadary abasourdi et résigné. Dans le match au sommet de cette seconde soirée, les Algériens ont su profiter de leur abnégation et de l'apport extraordinaire des supporters qui ont joué un rôle majeur dans cette rencontre pour ajouter un troisième but qui délivre les nerfs de Djiar et de Raouraoua qui oublient pour un moment leurs devoirs protocolaires en se jetant l'un dans les bras de l'autre. Une soirée de folie dans le pays tout entier. Ce dernier but montre tout le travail tactique et technique basé sur le jeu collectif, réalisé par le coach Saâdane lors du dernier stage de France. Un stage de préparation de 11 jours dans un endroit idyllique. Jamais dans l'histoire du football une équipe nationale n'a été mise dans des conditions de préparation pareilles. Sauf peut-être celle de Crans Montana en 1982, lorsque la bande à Khalef a entamé sa préparation pour le Mondial espagnol de 1982. Une action collective qui part de la défense algérienne, le ballon passe par plusieurs joueurs pour atterrir dans les pieds du lutin «marseillais» Ziani, lequel regarde d'abord à gauche pour ensuite passer le ballon dans un trou de souris au «Grec» Djebbour qui se retrouve seul devant la cage violée de l'infortuné El Hadary qui se «couche» pour la troisième fois. L'attaquant algérien a attendu le dernier moment dans un duel épique avec le gardien égyptien pour mettre le cuir au-dessus de la tête du keeper des Pharaons. Le ballon va mourir au fond des filets. Ambiance incroyable pour un scénario complètement fou. L'Algérie mène par 3 buts à 0. Saâdane a raison de dire qu'on possède aujourd'hui des attaquants de classe mondiale. Que ce soit dans leur réalisation ou dans leur concrétisation, les buts inscrits montrent toute la vista des attaquants algériens qui prennent chaque jour de plus en plus d'épaisseur. La victoire contre l'Egypte, bien qu'elle soit considérée comme très importante pour la suite de la compétition, ne doit pas toutefois faire oublier qu´il reste à valider cette dynamique le 20 juin prochain à Chililabombwé (à 300 km de Lusaka) contre la Zambie qui se retrouve elle aussi à égalité de points avec l´Algérie.