Il est crucial de vaincre ou de périr après avoir tout donné. Du cœur, de la sueur, de l'effort pour l'amour du maillot, et celui de son peuple pour ses couleurs. Le FC Barcelone vient d'écraser le monde du football avec une seule devise “més que un club” (plus qu'un club). On serait tenté d'appliquer cette formule à Algérie-Egypte de ce soir, car c'est indéniablement plus qu'un match de football. Une EN sans identité de jeu, un sélectionneur qui craint pour sa famille, une fédération qui multiplie les réformes hasardeuses, des clubs gangrenés par l'argent, des joueurs gâtés par les milliards… le football algérien n'en finit pas d'agoniser, même si l'on tape des Egyptiens vieillissants, venus à Blida avec leur morgue habituelle. Une chose n'a, par contre, jamais changé. C'est l'amour des Algériens pour leur équipe nationale, qu'elle soit boiteuse, sublime ou “quelconque” comme disent les Egyptiens toujours aussi prompts à gagner le match psychologique. Cet amour pour les Verts, ou les Fennecs, est indiscutable. Il s'est transmis de génération en génération. De Makhloufi à Ziani en passant par Madjer et Belloumi. Ce lien est si fondamental qu'on se demande s'il ne faut pas se reconstruire une identité autour d'une telle ferveur. À l'époque où certains se muent en harragas et d'autres bafouent l'emblème national, le football est devenu, par la force des choses, un ciment national. Et c'est tout ce poids que les joueurs ressentent, même si certains d'entre eux ne connaissent l'Algérie que depuis peu. C'est pour cette raison, que Lakhdar Belloumi vantait, hier sur Liberté Foot, les valeurs du cœur pour gagner. Et il a raison. Au fond, il est réellement dérisoire de perdre ou de gagner quand on possède un football qui ne peut même plus prétendre au niveau continental. Mais il est crucial de vaincre ou de périr après avoir tout donné. Du cœur, de la sueur, de l'effort pour l'amour du maillot, et celui de son peuple pour ses couleurs. C'est dans cette seule logique que les Verts peuvent exister dans le cœur de leurs compatriotes. Comme dirait le soldat, “mourrez, mais les armes à la main”. Au-delà des slogans guerriers, c'est un match pour la dignité et l'affirmation de ce que nous sommes. Jouez avec les tripes et c'est tout. Le score, on s'en fout. Et même si la surcommunication autour de cet événement a produit son effet négatif, nous plaçant dans une obligation de gagner stressante et quasiment inabordable pour le Mondial-2010, les joueurs de l'EN doivent sortir du terrain en ayant la fière allure des gens qui se sont battus. Et ne pas faire comme leur mascotte, “le fennec” bien nommé qui creuse très rapidement un trou quand il est poursuivi et se cache dans le sable. M. B.