Après la Norvège où il a assisté à une réunion de pays donateurs à la Palestine, l'émissaire spécial George Mitchell est attendu en Israël et dans les territoires palestiniens, puis au Liban et en Syrie. Il a évoqué lundi sa nouvelle mission dans la région, en déclarant que le président américain, qui veut agir vite, lui a demandé de tout entreprendre pour qu'Israël et Palestiniens entament rapidement les discussions sur les grands dossiers. Il tenterait, a-t-il notamment indiqué, “de créer une occasion au cours de laquelle les parties pourraient évoquer les questions importantes”, après avoir insisté sur le fait que Barack Obama et son Administration sont convaincus que la solution à deux Etats est la seule viable. En effet, en Egypte comme en Allemagne, le locataire de la Maison-Blanche a montré, la semaine dernière, l'étendue de sa détermination à ce sujet, usant d'un ton certes amical mais ferme à l'égard des dirigeants israéliens. L'accueil enthousiaste réservé en Europe au discours de Barack Obama à l'université du Caire augmente la pression qui s'exerce de plus en plus sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Ce dernier s'est d'ailleurs décidé, enfin, à dévoiler ce qu'il appelle un plan pour “la sécurité et la paix”, qu'il exposera dimanche. Auparavant, il a eu un entretien téléphonique avec le président américain. Si rien n'a filtré sur la nature et le contenu de cet entretien, il y a tout de même fort à parier que ledit plan a été au cœur des échanges. Malgré les pressions américaines sur le gouvernement israélien pour le faire adhérer à la solution dite des deux Etats et pour lui faire cesser toute activité de colonisation, le Premier ministre Netanyahou évite toujours soigneusement de faire référence à un Etat palestinien indépendant. D'un côté, il se dit prêt à rencontrer le président de l'Autorité palestinienne pour discuter des questions économiques, politiques et de sécurité, de l'autre il évacue toute possibilité d'évoquer les questions territoriales comme la colonisation en Cisjordanie et le statut de Jérusalem-Est. Les Palestiniens, pour leur part, ne veulent pas entendre parler de discussion avec Israël, tant qu'il n'a pas gelé la colonisation en Cisjordanie et autour de Jérusalem, et tant que l'Etat hébreu n'admet pas que l'objet de ces discussions est la création d'un Etat palestinien de pleine souveraineté. Or, sur les deux questions, non négociables du point de vue palestinien et au centre du dispositif américain, Netanyahou louvoie dans le meilleur des cas et se cabre le plus souvent, même s'il commence à accepter, du bout des lèvres, le principe d'un Etat palestinien “à souveraineté limitée”. En réalité, cette nouvelle terminologie politique ne dit rien d'autre que l'autonomie interne déjà prônée par lui. À travers cet exercice sémantique, Netanyahou voudrait faire croire qu'il fait des concessions, mais il ne cède en réalité sur rien et ses propos sont loin de s'accorder avec les vues des Etats-Unis pour asseoir les conditions d'une paix globale dans la région. Le ministre travailliste de la Défense a quelque peu percé la stratégie de Netanyahou qui consisterait à céder par petites touches pour gagner du temps, tout en exigeant des contreparties inacceptables pour les Palestiniens. Ainsi, Ehud Barack pronostique que Benyamin Netanyahou finira par accepter l'inéluctable, c'est-à-dire l'instauration d'un Etat palestinien, mais s'accrochera au “droit” d'extension “naturelle” des colonies existantes. Le moins qu'on puisse dire est que la mission de George Mitchell est complexe. Il semble que “le maximum d'entente” avec les Etats-Unis, invoqué par le Premier ministre israélien, a toutes les chances de jouer au mirage, ce qui n'exclut pas de prochaines tensions entre les deux alliés. Entre Barack Obama et les faucons de Tel-Aviv se joue une fine partie d'échecs. L'enjeu de la partie n'est rien moins que la réélection ou non du président américain en 2012, selon qu'il arrive ou non à faire évoluer de manière tangible le dossier du Proche-Orient. En la matière, le temps joue en faveur des dirigeants israéliens, et Barack Obama le sait.