À fur et à mesure que ce scrutin, prévu demain, approchait, la guerre des mots entre les prétendants et leurs soutiens prenait une grande dimension, au point que le guide suprême, Ali Khamenei, a été interpellé pour intervenir pour mettre un terme aux accusations de Mahmoud Ahmadinejad contre Rafsandjani, qui menace de le traîner devant les tribunaux. La campagne électorale pour l'élection du président iranienne semble sortir de son cadre, avec la multiplication des accusations entre les candidats, voire leurs soutiens, comme c'est le cas de l'ex-président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani, lequel, soutenant le prétendant Mir Hossein Moussavi, envisage de recourir à la justice contre le président Mahmoud Ahmadinejad. En attendant, il a déploré le silence du guide suprême Ali Khamenei, qu'il a officiellement saisi à travers une lettre, après les accusations portées par le président Mahmoud Ahmadinejad contre sa personne. Il faut dire que l'accusation du président iranien est de taille, puisqu'il a affirmé au cours d'un récent débat télévisé que Rafsandjani et son fils sont des corrompus. Cette attaque contre un révolutionnaire historique qui est aussi l'un des plus hauts responsables du régime a provoqué une grande polémique. Rafsandjani demande à Ahmadinejad de se rétracter sur toutes ses allégations contre lui et son fils pour éviter des poursuites judiciaires, et sollicite la radiotélévision de lui accorder un droit de réponse, ainsi qu'à ceux qui ont été accusés. Pour rappel, l'ancien président (1989-1997) est actuellement le chef du Conseil de discernement, un organe d'arbitrage entre le Parlement et le Conseil des gardiens, équivalent d'un Conseil constitutionnel. Par ailleurs, il lui a été reproché par Ahmadinejad d'être son véritable adversaire dans le scrutin du 12 juin, en assurant qu'il soutenait les autres candidats contre sa personne. Par ailleurs, le président sortant jouit du soutien indirect du guide suprême, qui avait assuré avant la campagne électorale qu'il ne soutiendrait aucun candidat en particulier, tout en dressant un profil du président idéal qui est conforme à celui que se donne Ahmadinejad. Mahmoud Ahmadinejad a fortement polarisé les débats télévisés en accusant son principal adversaire, l'ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, d'être un simple instrument de M. Rafsandjani. En attendant, une éventuelle intervention de Khamenei, les partisans d'Ahmadinejad et Moussavi se défient tous les soirs dans les rues de la capitale. Cela étant, le prochain président iranien aura la tâche difficile de remettre sur les rails l'économie du pays, affligée d'une inflation qui dépasse 25% et appauvrie par la chute des revenus pétroliers. Le premier mandat du président Mahmoud Ahmadinejad a été marqué par une dégradation du chômage, qui a atteint 12,5% au début 2009, contre 10,5% quatre ans plus tôt. Ses adversaires l'accusent d'avoir dilapidé les revenus du quatrième exportateur de brut dans le monde en les injectant massivement dans la consommation intérieure. "Le gouvernement a engrangé de 60 à 65 milliards de dollars par an, mais il (Ahmadinejad) n'a fait que lancer de slogans", a indiqué Moussa Ghaninejad. Les autres prétendants pour le scrutin du 12 juin ont promis une nouvelle politique économique pour stopper la dégradation de la situation, en donnant un plus grand rôle au secteur privé. Mais pour M. Ghaninejad, c'est la baisse des revenus pétroliers, qui contribuent à plus de 50% au budget de l'Etat, qui sera le plus grand handicap du futur président. Durant les quatre dernières années, l'Iran a exporté pour 272 milliards de dollars de pétrole et gaz, contre 172,5 milliards pendant les huit ans de présidence du réformateur Mohammad Khatami, qui présidé l'Iran de 1997 à 2005.