C'est connu, la pub c'est brillant, rutilant, tape-à-l'œil. Mais l'on dit aussi que tout ce qui brille n'est pas or. Ces banalités en guise d'introduction à ce questionnement : n'y aurait-il pas un côté sombre de la pub ? Passons sans commentaire sur une réponse évidente à la question et qui est relative à ce que l'on appelle la “publicité mensongère”. Même traitement pour ces spots qui, au-delà du message explicite, utilisent des techniques sophistiquées pour atteindre directement le subconscient et l'influencer sans qu'il en ait. Les spécialistes nomment, d'ailleurs, cette pratique répréhensible, “la persuasion clandestine”. Mais, il y a un aspect ténébreux qui, pour ainsi dire, est paradoxalement aveuglant et qui réside dans l'accession à la manne publicitaire estimée à plusieurs milliards de DA en Algérie. Avant d'aller plus loin, et pour indiquer l'idée ici poursuivie, rien ne vaut mieux que de rappeler une anecdote connue de l'opinion, il y a deux ou trois décennies. Pour une raison précise, et qu'il est facile de deviner, un ministre décida, en pleine conjecture économique de pénurie, de parer la capitale d'immenses tableaux au néon vantant l'intérêt de certains biens alimentaires (confiture, entre autres), tous produits, à l'époque, par des entreprises publiques. On peut les voir encore, ces panneaux, à travers quasiment tous les quartiers d'Alger. Est-il vraiment nécessaire de souligner qu'il s'agissait là d'une campagne publicitaire de complaisance dont le coût a dû être faramineux et dont le réalisateur n'a pas été unique à en tirer profit. Autrement dit, l'usage fait des fonds destinés à la pub, quand elle s'impose, ne poursuit pas toujours les voies de l'orthodoxie de la gestion courante. Autrement dit encore, la pub, et cela n'est un secret pour personne, peut être un moyen de récompenser ou, à l'inverse, de sanctionner selon qu'une agence publicitaire ou un titre de presse obtient ou n'obtient pas une part de ladite manne. Il existe également un domaine que très peu d'écrits évoquent et qu'il est extrêmement difficile, voire impossible à quantifier. Sachant que l'économie nationale relève, pour une très large part de l'informel, il est légitime de subodorer que le secteur de la pub peut aussi bien permettre des enrichissements “artificiels”, mais surtout servir à quiconque le veut, individu ou organisme, de vecteur de blanchiment d'argent. Cela est rendu possible du fait que le marché de la pub, comme celui d'autres secteurs économiques, d'ailleurs, n'est pas encore suffisamment identifié, par conséquent échappant peu ou prou à l'économie formelle.