Rien ne pourra se faire sans l'amélioration des performances des entreprises algériennes qui devront se pencher sérieusement sur leur mise à niveau afin d'arriver à placer leurs produits, biens ou services sur les marchés extérieurs, principalement ceux de l'UE. Même si les barrières tarifaires, principalement douanières, sont abattues, il restera à passer les contraintes des normes européennes difficiles, par l'Algérie, pour l'heure en tout cas. Normes de qualité, d'hygiène et de santé, de conditionnement, de calibrage, etc. Ces derniers temps, avec la rencontre entre officiels algériens et européens, on a plutôt tendance à se plaindre, en Algérie, de ce que “les seuls à profiter véritablement de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE sont les opérateurs économiques européens”, que “pour 1 dollar exporté, 20 dollars sont importés par l'Algérie”. Mais si cet état de fait cache mal un réel malaise, la vérité semble ailleurs, sous forme de graves dysfonctionnements de l'économie algérienne et principalement de son industrie qui n'a pas encore cessé de décliner depuis deux décennies. À titre d'exemple, le rapport valeur ajoutée de l'industrie par rapport au PIB se présente comme suit : Iran : 41,5% Maroc : 29% Tunisie : 30%. L'Algérie présente un maigre 4%, ce qui ne peut que frapper quant à la configuration de nos retards et de tous les efforts qui restent à faire pour les résorber. La question des normes devrait venir en tête des préoccupations des pouvoirs publics, s'ils souhaitent sortir le pays de tous ces retards où il semble englué pour longtemps encore. Selon Mohamed Chaieb Aissaoui, premier responsable de l'Institut algérien de normalisation (Ianor), “la mise à niveau (de l'industrie des biens et services) dépend de trois facteurs, constituant un triptyque solidaire : - la qualité ; - le coût (de production) ; - les délais. Ces trois paramètres ne peuvent être satisfaits que si l'on maîtrise les normes au cours des différentes phases du processus de production. Tout tourne autour de la maîtrise de la norme. La certification ISO, par rapport aux normes produits ou management, peut maintenir les entreprises à un niveau de compétitivité acceptable”. En ce qui concerne les accords d'association UE/Algérie, il faut savoir qu'“en plus des normes qui sont réalisées sur la base d'un consensus international, l'UE dispose de ses propres réglementations appelées "directives" qui sont très sévères sur tout ce qui touche les aspects sécurité, santé et environnement”, explique le DG de l'Ianor, qui ajoute que “le candidat à l'exportation devra donc absolument satisfaire à ces exigences avant de songer à mettre sur le marché européen un de ses produits. Avant même de songer à exporter, il devra fournir la preuve tangible du respect de la réglementation en vigueur dans l'espace UE ! Il devra tenter de faire mieux, mais pas moins bien, s'il souhaite conquérir une part de marché !” Pour arriver à améliorer nos performances à l'export hors hydrocarbures, “les pouvoirs publics doivent doter le pays d'une infrastructure nationale de la qualité composée de : - un organisme de normalisation fort et doté de ressources nécessaires (matérielles et humaines) pour lui permettre de mener à bien ses missions, en adéquation avec les ambitions du pays ; - une métrologie industrielle raccordée aux étalons internationaux ; - accélérer la reconnaissance de l'organisme algérien d'accréditation (Algerac) auprès de ses pairs internationaux ainsi que par les institutions internationales ; - mettre en place des laboratoires de référence, au moins dans les domaines d'activité reconnus comme stratégiques ou prioritaires au niveau national ; - doter le pays d'une surveillance du marché efficace”. Voilà le mot lâché : encore la veille stratégique, partie intégrante de l'intelligence économique. Mais comme on ne cesse de parler de mise à niveau depuis très longtemps, sans arriver à des objectifs concrets, “il serait, sans nul doute, souhaitable de faire démarrer tout programme de mise à niveau sur des bases quantifiables avec des objectifs réalistes”, selon le DG de l'Ianor, qui précise : “Partir de bases mesurables par secteur d'activité afin d'arriver à améliorer la part de l'industrie dans le PIB” qui demeure l'une des plus faibles, comparée aux performances de nos voisins. Pour rappel, le ratio industrie/PIB en Algérie est de 4% à peine. À comparer avec les performances de nos voisins, afin de méditer sur le chemin qui reste à parcourir. Si, hors hydrocarbures, les exportations de l'Algérie vers l'UE ne dépassaient guère les 200 millions de dollars en 2008, contre 4,33 milliards d'importations, les raisons résident essentiellement dans l'incapacité de nos produits à se mettre au diapason des attentes et exigences européennes.