L'Algérie ne tire pas profit, du moins pour l'instant, de l'accord d'association. Même s'il n'y a pas assez de recul, deux ans et neuf mois de mise en œuvre, pour faire un bilan, l'impact de l'accord d'association n'est pas très significatif. C'est du moins le constat dressé hier lors d'une conférence-débat organisée par la Chambre algéro-allemande de l'industrie et la Fondation Friedrich-Naumann, au siège de la Caci. M. Saïd Djellab parle de consolidation des parts de l'Union européenne sur le marché algérien. Pour les premiers mois de l'année 2007, il relève une augmentation globale de 19% des importations en provenance de l'UE. En moyenne, l'importation des produits bénéficiant des préférences tarifaires ont enregistré une hausse de 13%. “Les importations en provenance de l'Union européenne pourraient augmenter davantage avec les prochains démantèlements tarifaires”, estime le directeur de l'évaluation du commerce extérieur au ministère du Commerce. En parallèle, M. Saïd Djellab relève la faiblesse persistante des exportations algériennes vers l'UE, même si elles ont connu une hausse de 24% durant les premiers mois de cette année par rapport à la même période 2006. Ce qui est certain, malgré l'avantage accordé aux produits européens grâce à l'abaissement des tarifs douaniers, il n'y a pas eu de rush sur ces derniers. Les inquiétudes nourries par les opérateurs économiques algériens quant à l'arrivée massive des produits européens se trouvent démenties par la réalité. “La part de l'Union européenne baisse. Elle est passée de 60%, il y a quelques années, à 54%-55% aujourd'hui”, affirme le président du Forum des chefs d'entreprise. M. Rédha Hamiani explique ce phénomène par l'installation de l'économie algérienne, d'une façon persistante, “dans un monde où l'informel est en position de leader, au moins sur le plan commercial. Cet informel, sa base et sa nourrice, ce sont les pays asiatiques”. Pour preuve, “les importations en provenance de Chine, du Pakistan, de l'Inde se développent allègrement”, constate le président du FCE. Les chiffres avancés par M. Mohamed Benini illustrent parfaitement le peu d'empressement des opérateurs algériens à saisir les opportunités offertes par l'accord d'association. “Les exportations agricoles algériennes n'ont jamais atteint les contingents fixés. La production de produits agricoles frais, de fruits et légumes n'arrive pas à se positionner sur le marché extérieur en raison de contraintes internes, liées à la régulation, au conditionnement, à la norme et à la mise à niveau” , regrette-t-il. Au moment où le Maroc exporte pour 12,7 milliards d'euros, la Tunisie 11,5 milliards d'euros, les exportions hors hydrocarbures algériennes ne dépassent pas le 1 milliard d'euros. M. Saïd Djellab évoque tout de même les conditions d'entrée de plus en plus difficile au marché européen et qui peuvent être assimilées dans certains cas à des barrières non tarifaires. “Il y a une certaine politique protectionniste de la part de l'UE, à travers, entre autres, les calendriers pour les exportations et la politique de subventions des produits agricoles”, estime-t-il. Pour autant, reconnaît-il, “on ne peut se déconnecter des réseaux internationaux et prétendre promouvoir les exportations”. Il faut alors promouvoir l'investissement direct étranger. “La nécessité de développer les exportations est évidente”, souligne le directeur de la Chambre algéro-allemande (AHK), M. Andreas Hergenröther. “Aujourd'hui, la plupart des produits algériens hors hydrocarbures sont inconnus à l'étranger”, affirme-t-il. Mais voilà comment penser à l'exportation, alors que le marché local lui-même échappe de plus en plus aux industriels. D'où l'urgence d'un programme ambitieux de mise à niveau des entreprises. Le directeur de AHK Algérie est convaincu que “les exportateurs algériens ne pourraient profiter de cet accord sans les réformes à l'intérieur de l'entreprise, sans un cadre juridique favorable à l'export, sans des mesures adéquates de soutien et surtout des institutions performantes chargées de promouvoir les exportations algériennes”. “Il n'y a pas d'antenne Andi à l'étranger, ni de représentation du MPPI. Il n'y a aucune institutions algérienne à l'étranger qui promeut les exportations algériennes. Alors que la Fipa tunisienne et l'Autorité d'investissement marocaine sont présentes”, signale-t-il. Aujourd'hui, paradoxalement, ce sont les Chambres de commerce mixtes, comme AHK Algérie, qui fait ce travail. Un travail qui, normalement, devrait être la préoccupation des autorités. La Chambre de commerce et d'industrie prépare dans ce cadre un guide d'exportateurs pour les entreprises algériennes. Meziane Rabhi