La littérature d'expression française, dans le Vieux Rocher, ne cesse de donner au paysage culturel algérien de nouvelles figures issues de la génération post-Indépendance façonnées en marge d'une école arabophone pourtant prédominante. La cité, prise à califourchon par le Vieux Rocher et éternellement enlacée par le Rhummel, ne cesse d'enfanter des plumes sur la lignée de Malek Haddad. Fouzia Amara est l'une d'elles. Elle ne cesse d'apprivoiser le verbe depuis l'âge de 15 ans à travers une passionnante relation faite de complicités et d'audaces. La jeune rouquine constantinoise, en plus des recueils de poésies, a publié son premier roman il y a 5 ans aux éditions Benevent en France. Malgré cela, l'auteure reste inconnue du grand public algérien car, aussi bien Pour l'amour d'une hôtesse de l'air, son premier roman, que ses recueils de poésies, ils ne sont toujours pas distribués en Algérie. Ironie du sort, car pour certaines idées reçues, le fait d'être publié dans l'hexagone suffit, à lui seul, à donner de l'aura aux talents en herbe ! Pour l'amour d'une hôtesse de l'air se veut un hymne à l'amour, une parenthèse dans une vie complexe qui est tout sauf une suite linéaire de faits heureux. Le long des neuf chapitres du roman, Fouzia Amara embarque son lecteur dans un voyage glamour en compagnie de son héroïne Eleanor, une hôtesse de l'air chez Air France. Elie, une belle rouquine de 23 ans, polyglotte, est engagée depuis un an et demi comme hôtesse de l'air et allait faire, ce jour-là, son dernier vol avant de prendre 15 jours de repos pour se consacrer à un déménagement vers un nouveau quartier dans la banlieue parisienne. Elle ne se doutait pas qu'elle allait être emportée, à partir de ce jour-là et durant deux semaines, dans un voyage vers une autre vie, consommant la rupture avec un quotidien “normalisé” par deux précédents échecs sentimentaux. Sa vie calme allait entrer dans une zone de turbulences avant de finir par un atterrissage en douceur sur le tarmac du bonheur partagé. À bord de ce Londres-Paris, elle fera la rencontre de Jack, qui s'avérera être, plus tard, son nouveau voisin dans le quartier de son déménagement. Dès le premier regard échangé dans l'aéronef, suivi de caresses furtives et volées, l'hôtesse de l'air et le richissime parisien, craqueront l'un pour l'autre. Comme d'un seul trait, Fouzia Amara nous invitera à assister à la naissance d'une relation tendre et forte entre les deux héros de son roman. Leur amour transcendera le temps et la géographie. Par leurs métiers respectifs, Elie et Jack avaient peu de temps pour mener une vie privée. Malgré cela, ils arriveront à ouvrir des brèches pour se trouver des occasions, voire des opportunités afin de vivre des moments d'amour intenses qui ne feront que les rapprocher encore l'un de l'autre. Comme dans un feuilleton à l'eau de rose, — c'en est un, selon Fouzia Amara — Jack et Elie finiront par se marier pour construire une nouvelle vie sur les traces, pour ne pas dire les restes, d'une autre vie. Sur l'autel de cet amour sont sacrifiés l'ex-femme de Jack, de laquelle ce dernier se séparera par le divorce, et la maman d'Elie, qui décédera suite à une maladie juste au moment où l'amour de Jack pour Emilie a installé ses quartiers. Comme si cet amour, dont le désir du corps est l'essence même, ne pouvait s'accommoder d'autres amours antérieurs. Pour l'amour d'une hôtesse de l'air est une histoire d'amour et un chant dédiés à l'amour fait de sentiments et de désirs face auxquels s'effondreront les tabous, donnant libre court à tous les sentiments de désir de prendre l'autre pour faire taire aussi bien la haine que la douce douleur de l'envie et qui fait l'économie du temps à la maturité des bonnes choses.