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“Le sport est un excellent instrument de lutte contre les intégrismes”
Rachid Tlemçani à Liberté
Publié dans Liberté le 23 - 06 - 2009

Rachid Tlemçani est professeur à l'Université d'Alger, spécialiste des relations internationales et des questions de sécurité. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages relatifs au comportement électoral et à la société civile. Il nous livre son analyse sur le football algérien et l'attitude de nos citoyens vis-à-vis des matches contre l'Egypte et la Zambie.
Liberté : Avec les derniers matches, ceux opposant l'Algérie à l'Egypte et l'Algérie à la Zambie hier, les Algériens se sont identifiés à l'équipe nationale. On a d'ailleurs assisté à des scènes de joie où le drapeau national est toujours présent. Est-ce un signe du retour à la vie normale
ou alors un signe du retour au
patriotisme ?
Pr Rachid Tlemçani : Tout d'abord, il faut féliciter l'équipe nationale et tous les acteurs qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à cette grande victoire qui va conduire, espérons-le, à la qualification de l'Algérie à la prochaine Coupe du monde. Evidemment, le contexte ne se prête pas pour faire une analyse sereine et sans démagogie du football algérien, en particulier, et du sport en général. Tous les Algériens sont en fête aujourd'hui, fête qui a commencé depuis la victoire face à l'Egypte, en espérant que le sourire va définitivement revenir sur les visages des Algériens.
Il ne faut pas donc troubler ce rare moment de quiétude que les actes terroristes n'ont pas cessé de troubler, malheureusement. Un peuple gai est devenu, au fil de la crise de légitimité, un peuple triste, à telle enseigne que les fêtes familiales, religieuses et nationales ne sont plus des moments de joie et de bonheur, mais des moments de “corvées protocolaires”. Cependant, l'angélisme qui consiste à appréhender le sport comme activité neutre, un vecteur d'amitié entre les peuples, une entité qui se placerait au-dessus des Etats, des conflits, des haines, nie sa genèse.
Comment expliquez-vous la manipulation du sport par les élites politiques ? Comment le foot en particulier génère-t-il des comportements xénophobes en Europe et ailleurs ?
Rappelons que dès la fin du XIXe siècle, des individus, partis politiques ou Etats, ont, sans scrupule, commencé à utiliser le sport pour conforter ou développer leurs conceptions politiques et idéologiques. En Europe, l'entre-deux-guerres a vu le sport devenir un enjeu politique de tout premier plan. Des partis politiques, des mouvements d'opinion y voient très tôt un instrument permettant surtout l'adhésion des jeunes. Le sport devient une vitrine de la vitalité et de la grandeur des nations et, à ce titre, est promu par les hommes politiques comme instrument de propagande. En France, c'est le ministère des Affaires étrangères qui dirige la politique sportive. Cette instrumentalisation du sport atteindra son paroxysme avec l'avènement des Etats totalitaires. Les fascistes pensaient que le football permettait de rassembler dans “un espace propice à la mise en scène” des foules considérables ; d'exercer sur celles-ci une forte pression et d'entretenir les pulsions nationalistes des masses. Très tôt déjà, Hitler avait compris l'intérêt que pouvait représenter le sport, il écrivait dans Mein Kampf : “(…) Des millions de corps entraînés au sport, imprégnés d'amour pour la patrie et remplis d'esprit offensif pourraient se transformer, en l'espace de deux ans, en une armée.” Dans le cas de l'Europe, il arrive donc très souvent qu'une dimension politique entre en jeu et c'est alors qu'interviennent le nationalisme et le racisme. Il existe une violence d'extrême droite, appuyée par des discours très radicaux et xénophobes contre l'immigrant, le Noir, etc. Dans ce contexte de guerre froide, l'URSS et les Etats-Unis se livraient une “guerre” par sportifs interposés. “Un succès sportif peut servir une nation autant qu'une victoire militaire”, selon Gérald Ford, président des Etats-Unis. Cuba a saisi l'intérêt politique et idéologique en développant une grande stratégie du sport. Face au blocus américain, les succès des Cubains, lors de différentes manifestations sportives, servent de vitrine au régime de Fidel Castro. En Algérie, le FLN a compris très tôt l'instrumentalisation du sport dans sa lutte de libération. L'équipe nationale de football, créée en 1957, fut l'ambassadrice de l'Algérie jusqu'en 1962. Brandissant le drapeau vert et blanc, l'équipe de football a représenté le sport algérien à travers le monde. À son actif, elle a remporté 65 matches et 13 nuls, sur un total de 91 compétitions. Sur cette question, les travaux très documentés de Youcef Fates, particulièrement son ouvrage Sport et politique en Algérie, qui vient juste d'être publié en France, restent d'excellentes sources de références mais, malheureusement, nos éditeurs ne se sont pas montrés très professionnels pour les mettre à la disposition des Algériens.
Le football est un sport qui canalise tant d'énergie et tant de passion. Partagez-vous l'avis de ceux qui disent que “le football est le grand parti (politique) du pays” ?
Le football comme un fait sociopolitique est très complexe ; il peut contribuer à la désintégration sociale comme il peut être un facteur d'intégration politique. Dans les régimes liberticides, les jeunes en ont fait un médium efficace d'expression de leurs revendications et de communication avec les autorités politiques. La violence dans les stades et leurs périphéries exprime un “nouveau paradigme d'expression politique”. Cette nouvelle forme de contestation du statu quo peut produire des effets plus déstabilisants que les partis politiques, de type classique. Par contre, une victoire régionale ou internationale déchaîne les passions vis-à-vis d'une équipe. Elle crée spontanément un élément d'unification, permettant de renforcer un sentiment identitaire interclasses. Cette union sacrée reste très éphémère, elle est aussi courte que le temps des cerises.
M. Tlemçani, pensez-vous qu'il faille aujourd'hui investir davantage dans la direction du sport, notamment le football ?
Pour ma part, je pense que mieux vaut investir dans l'éducation physique des jeunes pour avoir une société en bonne santé et sans trophées que des trophées pour une société malade et sans repères. C'est vrai que l'Algérie a de grandes chances pour se qualifier au Mondial 2010. L'équipe nationale a un niveau de performance égal à celui de l'Egypte ou des autres pays africains. De là à dire que l'équipe nationale pourrait faire des miracles en 2010, je pense qu'il ne faut pas se faire trop d'illusions. Les éléments structurants de la crise du sport algérien sont toujours présents, malgré les dernières victoires. Ce n'est donc pas une telle qualification qui pourrait, du jour au lendemain, masquer la gabegie qui règne dans ce secteur. Aujourd'hui, on ne forme pas un champion avec la “baraka”… Un long processus de prise en charge doit être mis en place pour y parvenir. Le sport de compétition est devenu une activité très rigoureuse, le “bricolage” n'a plus de place. Dans la configuration actuelle du pouvoir, il n'est pas facile de la mettre en œuvre, l'ambition démesurée n'est pas soutenue par une volonté politique de longue haleine. Si l'on veut récolter des trophées dans l'avenir, c'est à travers l'école d'abord qu'il faut faire en sorte que le sport retrouve ses lettres de noblesse. Le sport aux multiples enjeux est un excellent instrument de lutte contre les intégrismes de tous bords. Il est à la fois terrain d'interdits religieux et champ d'embrigadement et de socialisation des jeunes. Rappelons que le sport s'avère être aussi un terrain de lutte pour une société islamique.


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