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"Si un nouvel octobre 88 éclatait, tout le pays serait touché"
Zoubir Arous. Professeur et chercheur en sociologie
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2009

Le football comme cache-misère ne pourra contenir très longtemps la colère sociale. Mais il y a exploitation politique de ce match. D'un événement sportif, nous sommes arrivés à une affaire de racisme entre les deux pays. Pessimiste sur l'avenir des relations entre les deux pays, Zoubir Arous livre à El Watan Week-end son analyse de ces incidents footballistiques et les émeutes qu'a connues le pays ces dernières semaines.
L'Algérie s'est qualifiée pour le Mondial 2010. Certains analystes s'inquiètent pour les relations entre les deux pays, d'autant plus que la violence est devenue plus politique que sportive …
Il faudrait d'abord différencier entre le nationalisme et le chauvinisme. Le problème actuel est qu'il y a eu exploitation politique du match au profit des deux pays, et d'une rencontre sportive le match s'est transformé en un événement politique. Les deux pays ont alors tenté d'exploiter cela politiquement dans la mesure où les deux Etats ont les mêmes malaises sociaux, régime économique et régimes politique… Il est de notre responsabilité d'appeler les deux pays à cesser les accusations mutuelles car ce sont des démarches qui pourront sans doute aggraver la situation entre les deux pays. Nous devons alors déterminer les responsabilités. Et ce sont les médias des deux côtés qui ont malheureusement provoqué la ‘'fitna” pour des raisons purement politiques et commerciales et ont transformé le match en une affaire de racisme. Il faut donc être prudent car cela aura certainement des effets à long terme. Ce n'est pas une victoire qui remettra en cause le lien historique qui nous réunit avec l'Egypte. Les appels des chaînes égyptiennes à se venger de notre communauté en Egypte sont des dépassements graves. Arrêtez alors ce délire !
Peut-on trouver dans cette conscience politique une explication aux émeutes qui se sont déclenchées dans plusieurs wilayas du pays ?
Les émeutes et les protestations sont des faits réels. Ce sont tout simplement un produit du régime politique. L'Etat produit politiquement des problèmes sur tous les fronts et tente ensuite de les résoudre de façon sécuritaire. Même si l'Etat a les capacités de les résoudre avec une stratégie claire à long terme, il ne fait pas preuve de volonté réelle. Il se comporte comme les mauvais entrepreneurs, sans expérience, qui veulent changer leurs coûts sans préavis. Cela ressemble exactement à un Etat qui, après avoir instauré une démocratie, change d'avis, alors que le peuple a déjà une conscience politique et exige certaines conditions de vie. A Diar Echems, par exemple, les familles vivent dans l'Algérie indépendante sans voir l'indépendance. Elles occupent, en effet, des logements dits d'urgence, bâtis par le colonisateur pour loger les familles algériennes dans des conditions misérables. Des années plus tard et après l'indépendance, c'est une autre génération qui y vit et qui refuse cette situation. Les jeunes d'aujourd'hui, éveillés, constatent l'écart entre les richesses de leur pays et la pauvreté qui les frappe au quotidien. Une situation déprimante qui pousse, sans surprise aucune, à une révolution. Et ce sont les mêmes conditions que l'on retrouve partout ailleurs, comme le quartier de Diar El Kahf. Et je tiens à signaler qu'il s'agit d'une vraie révolution et non d'une simple protestation. Les jeunes affichent d'ailleurs leur conscience politique par l'abstention lors des élections électorales. Ce qui est également dangereux dans ces nouvelles émeutes, c'est qu'elles ne sont pas organisées par une quelconque partie qui pourrait, en cas de dépassement, les appeler au calme. Ce sont des émeutes spontanées, à effet boule de neige. Rien ne les arrête, à l'exception de la confrontation avec les services de l'ordre. Ce qui amène directement le pays à revivre les évènements de 1988 et 1992. On revit aujourd'hui les mêmes conditions dans lesquelles les crises ont éclaté.
Si l'on vous suit, une nouvelle crise s'annonce…
Certainement, oui. Le pouvoir est en train de produire les mêmes conditions qui ont poussé à l'explosion du peuple le 5 octobre 1988 et qui ont également provoqué le bain de sang de 1992. Je crains que le prochain éclatement soit plus dangereux. En 1988, les évènements étaient limités essentiellement à Alger. Si éclatement il y a à nouveau, il touchera tout le pays. Nous voyons les indices un peu partout, de Berriane à Oran, de Annaba à Alger, il n'y a pas un jour qui passe sans qu'une ville se révolte.
Au moment où des émeutes se déclenchent dans plusieurs wilayas pour exiger l'amélioration des conditions de vie, on n'entend ni la société civile ni l'opposition…
Malheureusement, de nos jours, la société civile représente une élite. Et les partis politiques sont là comme un mécanisme spécial pour consolider le pouvoir, mais jamais pour un éventuel changement. Nous sommes en train de vivre une époque du parti unique sous la casquette du pluralisme. En réalité, et politiquement parlant, il reste sur la scène politique un seul parti, c'est celui du Président. Le rôle des partis politiques se limite actuellement à réélire le président de la République. Après 1989, nous sommes rentrés dans un excès de multipartisme qui a amené la scène politique à un véritable pourrissement.
La direction générale de la Sûreté nationale a décidé d'ouvrir une enquête sur les quartiers pauvres du pays. La même direction avait, suite aux évènements de Diar Echems, demandé à ses éléments de ne pas entrer en confrontation avec les jeunes pour éviter des affrontements sanglants. Comment interpréter cela ?
Des enquêtes sur les quartiers pauvres et les bidonvilles du pays ! Où étaient-ils avant ce jour ? Ces enquêtes, pensez-vous qu'elles soient décidées pour améliorer leurs conditions de vie ? Bien sûr que non. Ils veulent seulement détecter d'éventuelles colères, mouvements de protestations ou des émeutes. Une démarche qui aidera les forces de l'ordre à se préparer sur le plan sécuritaire pour une meilleure riposte. C'est un acte grave. Je répète encore un fois que c'est un régime qui produit des crises politique, économique, sociale et culturelle.
Culturelle ...
Oui. Les médias étatiques, particulièrement l'ENTV, sont en train d'inculquer des valeurs et des comportements que l'Etat combat depuis des années. Autrement dit, l'Etat s'attaque aux islamistes alors que le programme télé reflète exactement une tendance archaïque loin de toute ouverture. De plus, à cause de toutes ces données, notre société ne s'identifie toujours pas, par rapport à sa langue. On ne sait pas qui on est. Nous avons tendance à classer les catégories de personnes supérieures ou inférieures selon leurs langues parlées. Souvent les francophones sont classés dans la catégorie supérieure… Ce qui, dans notre société, ne devrait pas être le cas.
Bio express Natif de Batna, Zoubir Arous est professeur, chercheur en sciences de la sociologie à l'université d'Alger depuis 1980. Il est également chercheur associé au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD). Auteur et coauteur de plusieurs ouvrages, il a écrit cette année Transparence des élections en Algérie et au monde arabe, Quand les juges se réunissent.


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