On enregistre 20 à 30 navires en rade au port d'Alger. Les frais supplémentaires pour chaque bateau en séjour prolongé sont de 6 000 à 12 000 euros par jour. e port d'Alger, en dépit de lourds investissements consentis ces dernières années, enregistre un phénomène de congestion. On enregistre aujourd'hui 20 à 30 navires en rade. Les frais supplémentaires pour chaque bateau en séjour prolongé sont fixés entre 6 000 et 12 000 euros, confie un expert spécialisé dans le transport maritime. C'est ce qu'on appelle les surestaries. On estime à 100 millions de dollars minimum les frais supplémentaires générés par les séjours prolongés des navires dans les ports. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Primo : le port d'Alger ne répond pas aux besoins de l'économie nationale. Il est trop petit. C'est un port colonial qui à l'origine existait pour l'exportation de fruits et légumes vers la métropole. C'est devenu un port d'importation. C'est le principal port d'Algérie (50% du trafic hors hydrocarbures selon l'Epal). Il a été créé à l'intérieur de la ville. Le port est saturé depuis très longtemps. On a tenté de régler ce problème de congestion par la création de ports secs. (Cette solution demeure insuffisante) Secundo : une partie des dockers travaillent trois heures par jour contre 8 heures par jour dans les ports européens. On ne travaille pas assez vite et assez bien par rapport aux cadences des ports européens. En un mot, les opérations de déchargement des marchandises ne sont pas assez rapides. On enregistre beaucoup d'attente en rade. Ce n'est pas un problème de moyens. L'Epal depuis un an a acquis du matériel de manutention. C'est un problème d'organisation, explique l'expert. Conséquence : on voit les navires en rade tous les jours. Les délais d'enlèvement des marchandises sont d'environ 23 jours au port d'Alger, contre 4 à 5 jours dans les ports marocains ou tunisiens. Cela s'explique par les longs délais de dédouanement, les contrôles des services phytosanitaires… “La corruption s'est généralisée” Par ailleurs, le phénomène de corruption allonge les délais d'enlèvement des marchandises. “Il faut verser entre 1 à 30 millions de centimes par conteneur pour pouvoir dédouaner rapidement sa marchandise”, raconte un cadre de l'Etat. En tout état de cause, les témoignages d'opérateurs et de cadres concordent : le phénomène de la tchipa a pris de l'ampleur au port d'Alger au vu et au su de tout le monde. Façon illégale d'accélérer le dédouanement des marchandises ou moyen prohibé d'éviter la bureaucratie. Les produits touchés par la pratique du bakchich concernent, notamment les cosmétiques, l'agroalimentaire, l'électronique, et l'électroménager. Des réseaux se sont constitués dans cette course aux pots-de-vin. Pour être payé rapidement, on accélère la procédure en l'absence sur le terrain d'organes de contrôle de l'Etat. Finalement, presque tout le monde trouve son compte dans cette désorganisation. Beaucoup d'opérateurs choisissent le port d'Alger pour leurs opérations même si le siège de leur société se trouve à Skikda ou à Sétif, au détriment de ports moins saturés comme Mostaganem. Pour l'expert, la solution à ce phénomène de congestion est de créer un nouveau port non loin d'Alger. “Pourquoi ne pas développer les ports de Dellys et de Ténès pour décongestionner le port d'Alger”, a-t-il ajouté. Concernant la corruption, le laisser-faire, le moins que l'on puisse dire, souille l'image du pays. Il contribue à freiner son décollage, à ébranler la cohésion sociale, au regard en particulier des pratiques ostentatoires, nées des enrichissements illicites.