Le président du Conseil consultatif islamique iranien, Ali Larijani, a été longuement reçu hier matin par le président de la République. Quatre heures durant, les deux hommes ont abordé les questions liées à la coopération bilatérale, mais aussi les questions régionales, notamment la Palestine, le Liban, l'Irak et l'Afghanistan et, bien sûr, la situation interne en Iran. Ali Larijani, qui était jusqu'à un passé très récent l'homme du nucléaire iranien, est arrivé à Alger, avec la casquette de parlementaire, pour prendre part aux travaux du comité exécutif de l'assemblée parlementaire de l'Organisation de la conférence islamique, dont les travaux se sont déroulés ces deux derniers jours à Alger. Lors d'une brève rencontre avec la presse, à l'issue de ses entretiens avec le président de l'Assemblée populaire nationale, le président du Conseil consultatif islamique iranien est revenu sur l'objet de sa visite. Tout en se félicitant du niveau atteint par les relations bilatérales à tous les niveaux, M. Larijani a tenu à rendre hommage à la position algérienne, qui a été l'une des premières à féliciter le président iranien pour sa réélection. “L'Algérie a toujours été aux côtés de l'Iran, durant les moments cruciaux”, dira-t-il. Le président du l'APN, Abdelaziz Ziari, a tenu à le rappeler dans son discours de bienvenue : “Votre visite en Algérie revêt pour nous une grande portée symbolique, car elle intervient à un moment où l'Algérie et l'Iran abordent une nouvelle phase de leur évolution institutionnelle. La confiance renouvelée, en avril 2009, par les Algériens au président Abdelaziz Bouteflika pour un nouveau mandat, et la réélection récente du président Ahmadinejad, ouvrent une nouvelle ère, favorable à l'approfondissement de la coopération et des liens de fraternité qui unissent l'Algérie et l'Iran”. M. Ziari rappellera les visites d'Etat qui ont été échangées ; celles du président Bouteflika en octobre 2003 et août 2008 et celle effectuée par le président Ahmadinejad en août 2007. Selon le président de l'APN, “les échanges commerciaux sont passés de 9 millions de dollars en 2006 à 60 millions à fin 2008. Cette progression est certainement appelée à s'intensifier à la faveur des actions de partenariat envisagées entre les entreprises algériennes et iraniennes. Je citerai notamment, la réalisation d'une usine de production de ciment pour 220 millions d'euros, la production de matériel de chemin de fer, les programmes de logements, le projet d'usine de montage de véhicules, etc.”. Le président de l'APN a réitéré la position algérienne concernant le règlement des différends par les voies pacifiques et a indiqué que l'Algérie milite pour un désarmement généralisé, l'interdiction des essais et la non-prolifération des armes nucléaires. L'instauration, au Moyen-Orient, d'une zone exempte d'armes nucléaires figure également parmi les objectifs de l'Algérie. À ce titre, il a estimé que “la question du programme nucléaire iranien devrait trouver son issue à travers le dialogue et les ressources qu'offre la diplomatie mondiale, et ce, dans le cadre des droits que le TNP garantit à tous les pays membres”. Interrogé sur la situation interne en Iran, M. Larijani a estimé que “les médias occidentaux exagèrent. En réalité, la démocratie est enracinée en Iran. Tous les responsables et les hautes personnalités sont élus par le peuple. La démocratie est la base de la gouvernance en Iran. Elle n'est pas une situation artificielle”. Et de défier certains pays occidentaux sans les nommer. “Qui peut nier que la dernière élection présidentielle a vu un taux de participation de 85% ? Certains pays sont présidés par les mêmes personnes depuis 25 ans. Cela fait trente ans que l'Iran a connu sa Révolution islamique et, depuis, nous avons changé six fois de présidents de la République”. Il a affirmé que ce qui se passe en Iran est une affaire interne et que le gouvernement était capable de la résoudre, même s'il a reconnu l'existence d'une main étrangère qui agite certaines forces de l'opposition. Enfin, concernant la question palestinienne, M. Larijani a réitéré l'hostilité de son pays à l'entité sioniste qui est, selon lui, “une entité raciste”. Il a rappelé le soutien de son pays à “la résistance palestinienne, représentée par le Hamas”.