Croyant à un certain idéal de justice et à une application rigoureuse des textes de la part d'une administration censée veiller à préserver la propriété privée, la famille Kada Hadj Ahmida, dont le père fut enseignant à Laghouat, depuis près de cinquante années, normalien du début des années 1930, a fini par perdre espoir. Nationalisé dans un premier temps, durant les années 1970, dans le cadre de la révolution agraire pour un jardin situé en pleine agglomération, non restitué jusqu'à présent et toujours occupé par les attributaires, terrain qui jadis comptait plusieurs dizaines d'arbres fruitiers et qui est devenu un terrain vague, voire une assiette de lotissement pour les occupants et dont la moindre subvention octroyée par l'Etat, dans le cadre de l'habitat rural, sera investie par ces derniers dans la construction de bicoques et de toute sorte de bâtisses, dans l'illégalité et l'impunité la plus totale, ceci malgré l'ordre de restitution prononcé par la justice et qui n'a toujours pas été appliqué depuis plus de 5 années. Pis encore, la famille Kada sera contrainte de s'endetter ou de vendre une partie de ses biens afin d'indemniser les soi-disant investissements réalisés par l'Etat sur leur terrain exproprié. Statu quo, pour l'instant, la situation demeure figée et les héritiers n'arrivent même pas à bénéficier des récentes indemnisations relatives aux routes réalisées sur ce même terrain étant donné qu'ils sont toujours dans l'attente de l'arrêté de restitution qui tarde à être établi. Cette famille n'en est pas à son premier malheur. En fait, au début des années 1980, arrivé le décret de l'intégration des terrains privés dans le cadre des réserves foncières communales, le restant des terres agricoles, qui comportaient des centaines d'oliviers, sera à son tour nationalisé et utilisé pour implanter une vaste esplanade et un jet d'eau pompant l'eau d'un puits construit jadis sur ce même terrain par le propriétaire, ainsi que de nombreux immeubles. Après de multiples interventions à tous les niveaux de l'administration, cette famille ainsi que d'autres n'arrivent plus à percevoir la moindre indemnisation devant faire suite à leur expropriation, ceci depuis plus de trente ans d'attente. Il faudra préciser, à ce titre, que les propriétaires authentiques de ces terrains sont tous décédés dans l'amertume et le désespoir et n'ont pu, hélas, jouir de leurs biens, laissant derrière eux des héritiers expropriés et sans aucune voie de recours. Début des années 1990, la famille Kada se retrouve de nouveau et pour la troisième fois face à une situation délicate puisque leur seule villa familiale, construite durant les années 1970 par le père décédé en apprenant ce qui est arrivé à sa villa, avait été démolie lors d'un accrochage entre les services de sécurité et des groupes armés, puisque celle-ci était vidée de ses occupants durant cette époque difficile et qui, jusqu'à présent, n'a pu faire objet d'une quelconque indemnisation malgré que leur dossier de demande avait déjà été déposé précédemment par les héritiers au niveau des services concernés de la wilaya, jusque-là sans réponse. Que faire ? se demandent les héritiers Kada, serions-nous des citoyens à part entière ? ou des citoyens entièrement à part dans notre Algérie indépendante ! Ajoutons que les membres de cette famille ne réclament en fait que leur droit de récupérer leur propriété ou à être indemnisés d'une façon juste au taux actuel et sans condition préalable, car beaucoup de temps a été perdu, sans oublier le préjudice moral subi par cette famille et qui n'a pas de prix. Autant de soucis causés aux nombreux héritiers par cette injustice flagrante et par l'inertie de l'administration qui ne cesse de perdurer, au fil des années, quand il s'agit d'indemnisations des citoyens expropriés par cette même administration.