Après des mois de doute, le chanteur a finalement décidé d'affronter ses juges. Conscient des effets dévastateurs d'une fuite sans fin et privé des garanties politiques qu'il a souhaitées, il s'est rendu lundi à Paris en sachant qu'il serait interpellé à sa descente d'avion. Un mandat d'arrêt a été délivré à son encontre lorsqu'il a décidé de se soustraire au contrôle judiciaire en fuyant la France en mai 2007. Mami a été placé en détention provisoire dans la soirée au quartier VIP de la prison de la Santé à Paris où il avait déjà séjourné en 2006, avant d'être libéré sous caution grâce à une mobilisation des autorités diplomatiques embarrassées ensuite par sa fuite via l'Espagne. Mami comparaîtra jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny, en banlieue de Paris. Il doit répondre de “complicité de violences” avec circonstances aggravantes après une tentative d'avortement forcé subie en 2005 à Alger par son ex-compagne. Celle-ci a finalement donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de 3 ans. Cheb Mami encourt 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Son ex-manager Maurice Levy, sous contrôle judiciaire, doit aussi comparaître, pour les mêmes motifs, ainsi que son homme de confiance, Hicham Lazaâr, et Abdelkader Lallali, soupçonné d'être son homme de main. Michel Levy, de son vrai nom André le Corre, est aujourd'hui le manager de Faudel et poursuit ses activités dans le milieu artistique algérien et ses voyages vers l'Algérie. Les faits remontent à l'été 2005. Cheb Mami est mis en cause par une photographe de presse de 43 ans avec qui il entretenait une liaison. Isabelle S. affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu'elle eut annoncé sa grossesse au chanteur. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, et que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. De retour en France, elle porte plainte. Elle va donner naissance, en mars 2006, à une petite fille. S'il dit “regretter son attitude”, Cheb Mami estime être victime d'une machination de son ex-imprésario. “La plus grosse erreur de ma vie, c'est d'avoir suivi le mauvais conseil de mon manager juif”, dit-il à la presse algérienne. Michel Levy n'est, en réalité, pas un Juif. Mami dénonce aussi un “acharnement quasi orchestré des médias français (...) contre un nom célèbre arabe”. Lors de l'enquête, Mami s'est défendu en affirmant que l'idée du curetage venait de son manager. Il nie avoir été présent dans sa villa algéroise où la victime avait été droguée et séquestrée pour la faire avorter. Rentrée en France, la femme a constaté la viabilité du fœtus et décidé de garder l'enfant, une fille née en mars 2006. Le chanteur avait noué une relation avec la photographe spécialisée dans le raï, lors d'une tournée en Egypte. Apprenant sa grossesse, elle en fait part au chanteur en lui annonçant son désir de garder l'enfant. Quelque temps après, elle était invitée à Alger. C'était l'été 2005. Accueillie à l'aéroport par un proche du chanteur et son manager, elle est conduite dans la villa de Mami. Et c'est là, selon ses accusations, qu'elle est droguée et séquestrée. Deux femmes et un homme de main ont pratiqué sur elle un curetage. Toujours selon les déclarations de la victime, le chanteur était présent. Revenue en France, la photographe consulte un gynécologue qui lui apprend l'échec de la tentative d'avortement et la viabilité du fœtus. La photographe appelle alors le chanteur pour l'en informer. C'est ce qui deviendra, semble-t-il, la preuve accablant Mami. L'appel téléphonique passé en présence de policiers est enregistré. Mami hurle son incrédulité. “J'ai vu le sang, ils t'ont grattée…”