Le chanteur, qui a accueilli le verdict avec «soulagement», a décidé de ne pas faire appel. L'épilogue. «L'affaire Mami» a touché à sa fin. Le dernier épisode s'est déroulé hier à Bobigny. Le verdict tant attendu a été rendu: Cheb Mami a été condamné à cinq ans de prison ferme. Les juges avaient décidé, également, le maintien en détention de Cheb Mami, de son vrai nom, Mohamed Khelifati, âgé de 42 ans. Le tribunal correctionnel de cette banlieue parisienne a rendu son verdict hier dans l'après-midi. Son procès a été ouvert jeudi par ce tribunal. Dans la même affaire, son ex-manager Michel Lecorre (Michel Lévy), qualifié d'«organisateur et instigateur» de ces actes de violences par le même tribunal, a écopé de 4 ans de prison plus le lancement d'un mandat de détention contre lui. Hicham Lazaâr et Abdelkader Lallali, proches du chanteur et exécutants présumés des violences, devront purger respectivement trois et six ans de prison. Le tribunal a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre des deux hommes, qui n'étaient pas venus au procès. Avant le verdict, la star du raï s'est dite être «piégée» par son entourage. A son entrée jeudi à la salle d'audience du tribunal correctionnel de Bobigny, en banlieue parisienne, l'artiste a fixé du regard les nombreux journalistes, cameramen et photographes qui déclenchaient des prises de vue en rafale. Avant de s'asseoir sur le banc, Mohamed Khelifati a échangé quelques «chuchotements» avec ses avocats. Ils auraient souhaité que le procès se déroule à huis clos. La victime enfonce Mami La star du raï est accusée par son ex-compagne Isabelle S., 43 ans, photographe de presse, de «complicité de violences» avec circonstances aggravantes après une tentative d'avortement forcé qu'elle aurait subie en 2005 dans une villa à Alger. Selon les déclarations de la photographe, cheb Mami lui avait demandé d'avorter, juste après qu'elle lui ait annoncé sa grossesse. Elle témoigne y avoir été droguée et séquestrée, et que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage, qui a échoué. Isabelle, qui a demandé à se présenter au procès sous le nom de Camille, a déclaré à la barre: «On m'a insulté. On m'a qualifié de chienne et de salope», a-t-elle dit. Et de continuer à raconter: «Ils m'ont balancée sur le matelas et m'ont arraché le pantalon. Il y avait deux femmes à califourchon. On m'a fait trois piqûres, une (femme) appuyait sur mon ventre et l'autre forçait pour faire sortir le bébé de mon ventre.» Le chanteur a subi dans la matinée du jeudi dernier un examen de personnalité. Le rapport d'expertise témoigne que l'inculpé «est mal entouré» et il «ne présente aucun trouble de personnalité, mais se sent piégé par son entourage», notamment par son ex-compagne et Michel Lévy, son ex-manager et co-accusé. La parole est donnée à Mami. Il a reconnu «avoir eu des relations périodiques avec son ex-compagne». «En l'espace de deux années de relation, nous nous sommes vu, en tout et pour tout, 6 à 7 fois», a-t-il déclaré. Par ailleurs, le chanteur a reconnu également avoir violé les obligations de sa mise en contrôle judiciaire en février 2007. «J'ai pété les plombs. J'ai décidé de rentrer au pays. Ma mère, malade, et ma famille me manquaient beaucoup. Elles valent plus que ma carrière que je compromettait en quittant la France avec un passeport français périmé», a-t-il expliqué au juge. «J'ai été piégé» En sanglotant, il avoue être piégé: «Oui, j'ai été piégé», a abondé cheb Mami à l'audience. Affichant des remords amers, l'artiste s'est excusé auprès de la victime. «Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui (Isabelle, Ndlr), demande pardon. Je regrette», a-t-il dit, jeudi soir, avant la suspension de l'audience. Peu avant, il a déclaré que: «J'étais dépassé.» «C'est contraire à mes principes, à ma religion. Je n'arrive pas à l'expliquer. J'ai fait une faute, c'est grave, le cauchemar.» Revenant sur l'enregistrement présenté à la police par la victime dans lequel Mami aurait déclaré être présent dans la villa où la tentative de l'avortement forcée a eu lieu, ce dernier a complètement nié être présent à la villa à ce moment-là. Cela en reconnaissant qu'il était au courant des faits. «Je n'étais pas dans la villa, mais je savais ce qui se passait», a-t-il témoigné. Comme il l'a toujours dit, le chanteur défend que ça n'a jamais été «son idée». «C'était l'idée de Michel Lecorre.» «J'ai accepté dans la panique (...) Mais je n'ai rien fait pour l'arrêter», a-t-il admis. Et de poursuivre son explication: «C'était la honte pour moi d'avoir un fils ou une fille illégitime, un enfant ça se fait à deux. Je ne voulais pas de cet enfant.» Mami a eu des témoignages qui pourraient être en sa faveur. L'entourage de la star du raï témoigne que cheb Mami est quelqu'un de «gentil, d'humain, qui n'avait pas la grosse tête». «J'ai toujours été discret dans ma vie privée», explique le chanteur. La plupart des gens de son entourage se disent «surpris et étonnés» par les faits reprochés au «prince du raï». «Je ne fréquentais pas beaucoup de monde, je n'avais pas d'amis, ma famille en France c'était mon groupe de musique.» Tranchant sur la question de la consommation de boissons alcoolisées, il répond: ne pas être un alcoolique «Jamais! je bois comme tous les autres et je buvais après les concerts pour me lâcher un peu», rassure-t-il. Le tribunal revient sur «sa fuite» en Algérie. Le chanteur répond: «Ma famille me manquait, j'ai pété un plomb et je suis parti.» Et d'attester qu'il songeait toujours à répondre présent le jour de son procès. Même «si dans ma tête, j'ai toujours dit que je serai là le jour du jugement (...) j'ai fait une faute, voilà», regrette-t-il. Le réquisitoire de la procureure Donnant la parole à la procureure Ophélie Champeaux, cette dernière qualifie la star franco-algérienne et son ex-impresario de «co-organisateurs» de «violences d'un autre âge». Cheb Mami, «est l'instigateur de ces actes ignobles, de ces actes barbares. C'est lui qui avait intérêt, pour son image en France et en Algérie, de voir ce ventre vide», a-t-elle fustigé. Sans trop tarder, Mme Champeaux annonce son réquisitoire. Elle a requis sept ans de prison ferme contre «le prince du raï». Elle a également requis six ans de prison et un mandat de dépôt contre Michel Lecorre (Michel Lévy), l'ex-manager de cheb Mami, qui comparaissait pour les mêmes motifs. Huit ans de prison sont demandés à l'encontre de Hicham Lazaâr, l'homme de confiance du chanteur, et dix ans contre Abdelkader Lallali, soupçonné d'être son homme de main, tous deux absents et présentés par le procureur comme des «exécutants». La magistrate a requis la délivrance de mandats d'arrêt contre eux. Vers la fin de l'année 2006, la justice française a mis en examen l'inculpé. Il a été incarcéré pendant trois mois à la prison de la Santé à Paris. Libéré après le versement d'une caution de 200.000 euros, il est placé sous contrôle judiciaire. En 2007, cheb Mami est rentré en Algérie parce qu'il est «inquiet pour sa mère très âgée». Il a été arrêté lundi à sa descente d'avion en provenance d'Alger. Cette affaire a compromis sa carrière qui est en stand-by.