Après 13 années d'enquête et d'investigations, de faux témoignages de transfuges bidon, de reportages caviardés, de livres, de prières et de messes, la justice française croit détenir le “témoin”-clé qui va résoudre l'énigme de la mort des sept moines trappistes. En cette commémoration de la fête de l'Indépendance algérienne, le message de vœux de Paris est venu sous la forme d'une pierre tombale. Celle des 7 moines de Tibhirine qui reviennent hanter les relations algéro-françaises. Il devient presque dérisoire de signaler le sens du timing de la justice française dès qu'il s'agit d'un sujet qui a trait à l'Algérie. De Cheb Mami au diplomate Hasseni, en passant par l'affaire Sharbrook, les magistrats français ont le don de pourrir des relations algéro-françaises déjà assez problématiques quoi qu'en dise Mourad Medelci. De quoi s'agit-il ? D'un ancien attaché militaire français en poste à Alger lors de l'enlèvement des moines qui a soulagé sa conscience devant un juge instructeur d'un “secret-défense” qui lui pesait trop sous le képi. Les moines ont été tués à cause d'une bavure militaire algérienne, dira-t-il. Rien que ça. Après 13 années d'enquête et d'investigations, de faux témoignages de transfuges bidon, de reportages caviardés, de livres, de prières et de messes, la justice française croit détenir le “témoin”-clé qui va résoudre l'énigme de la mort des sept moines trappistes. Pour rappel, on l'avait imputée aux services secrets algériens, puis au GIA qui serait aux mains du DRS, puis à un “émir” dissident du GIA qui a refusé le deal de la DST française, ou l'inverse, à l'incompétence chronique des négociateurs français ou encore à une exécution de sang-froid de Djamel Zitouni. Toutes ces thèses ont été maintes fois évoquées, mais celle de la bavure militaire algérienne frôle la science-fiction tant les faits, comme décrits par le barbouze français, semblent invraisemblables. Le dernier des soldats, qui n'a pas besoin de sortir de Saint-Cyr, peut l'infirmer s'il connaît un tant soit peu les protocoles d'usage de l'engagement militaire. De surcroît d'un hélicoptère menant une opération antiterroriste. Les dossiers ouverts par Jean-Louis Bruguière n'ont jamais été fermés. Ces “apôtres” de la justice française, pour rester dans le cadre mystique de cette affaire, croient détenir, enfin, le bon témoin pour incriminer Alger. La seule satisfaction est que si les langues se délient, notamment en France, la gestion de l'affaire des moines trappistes risque d'éclabousser plus d'un à Paris. M.B.