Au moment où la tension est montée d'un cran entre les éléments de la branche armée d'Al-Qaïda au Maghreb et l'armée malienne, la nébuleuse terroriste a procédé hier à la libération de l'otage suisse, Werner Greiner, qu'elle détenait depuis le 22 janvier dernier au Niger contre 5 millions d'euros. Enlevé par Al-Qaïda au Maghreb islamique le 22 janvier 2009 au Niger, en même temps que trois autres touristes, l'otage suisse Werner Greiner a été libéré, hier, dans la région désertique de Gao, dans le nord du Mali. Ses deux codétenues, l'Allemande Marianne Petzhold et la Suissesse Gabriella Burco Greiner, ont été relâchées au mois d'avril par le groupe terroriste, qui a revendiqué l'assassinat du troisième, un Britannique. En effet, Edwin Dyer, otage britannique enlevé en même temps que Werner Greiner par al-Qaïda au Maghreb, a été tué par ses ravisseurs. Très peu d'informations ont filtré sur les conditions de cette libération, mais les premiers éléments indiquent que les négociations étaient très difficiles avec le chef islamiste radical, connu sous le nom d'Abdelhamid Abou Zeïd. Des sources informées évoquent le versement à travers des intermédiaires maliens d'une rançon de 5 millions d'euros pour la libération de l'otage suisse. Alors que Bamako avait promis de ne pas négocier la valeur des otages, elle continue de transgresser les conventions onusiennes qui interdisent explicitement le versement d'argent aux organisations terroristes. L'otage suisse devrait se rendre à Bamako, la capitale malienne, où un diplomate suisse l'attend pour l'accueillir au cours probablement d'une cérémonie officielle avec les autorités maliennes. Ces dernières ont déclaré à la presse : “Il est très fatigué et il va rejoindre bientôt sa famille en passant d'abord par Bamako.” Werner Greiner était le dernier otage européen détenu par les combattants islamistes dans le nord du Mali. La santé de l'otage suisse avait un temps beaucoup inquiété, car il paraissait très souffrant et ne s'alimentait presque plus, selon une source impliquée dans les négociations pour obtenir sa libération. Pour rappel, les ravisseurs avaient fixé un ultimatum au 26 juin dernier, mais n'avaient pas tué l'otage. Ils auraient réclamé une rançon de 10 millions d'euros pour la libération de Werner Greiner. Les autorités helvétiques, bouleversées par la nouvelle de l'exécution de l'otage britannique, avaient indiqué que “cet acte barbare n'empêchera pas les efforts intenses de Berne pour obtenir la libération de l'otage suisse”. Sur le terrain, c'est le branle-bas de combat. L'armée malienne, qui a bénéficié de formation dispensée par des instructeurs militaires américains pour la “lutte dans le désert contre Al-Qaïda”, est sur le pied de guerre. Selon le sergent Kourouma, “la formation a duré plusieurs semaines. Je mets ce que j'ai appris à la disposition de mon pays”. Distillant les informations au compte-gouttes, un officier concédera : “Nous n'avons pas grand-chose à dire à la presse. Nous sommes en état d'alerte permanent.” C'est dire la gravité de la situation. Il ajoutera : “c'est une lutte que doivent mener ensemble plusieurs pays de la sous-région. Seul, le Mali ne peut pas gagner cette lutte.” Abderamane Keita, un employé municipal, tablera sur l'aide internationale en affirmant : “la communauté internationale est de notre côté et elle va se manifester, nous l'espérons, très bientôt.” Il révélera en montrant une carte de visite sur laquelle on peut lire : “ambassadeur Vicki Huddleston” du Pentagone, aux Etats-Unis, qu'“elle est venue avec des généraux américains. Elle a promis que son pays allait nous aider”. Dans le même ordre d'idées, un ancien élu de Tombouctou précisera : “Nous avons demandé de l'aide pour chasser les bandes armées dans tout le nord. L'Union européenne a accepté de nous aider.” Ceci étant, les informations en provenance de Tombouctou montrent que c'est loin d'être la psychose dans cette ville. Merzak Tigrine