Peu de branches atteignent le niveau de production de 1989. “Au cours de l'année 2008, la production industrielle du secteur public a évolué plutôt favorablement avec 1,9% pour l'indice général, 4,3% pour l'indice hors hydrocarbures et 1,9% pour l'industrie manufacturière” , relève le cabinet d'études Ecotechnics que dirige Saïd Ighilahriz. Pour autant, Ecotechnics indique qu'il est difficile de croire durable dans l'industrie publique. “L'indice hors hydrocarbures et surtout l'indice des industries manufacturières nous avaient habitués à une évolution plutôt négative. Y a-t-il une inversion de tendance cette année ? Rien n'est moins sûr en réalité”, estime-t-il. Parmi les secteurs qui ont fortement crû, relève le cabinet, les mines et carrières, et l'énergie respectivement de 9,8% et 7,9%. “Mais ceci n'est pas vraiment exceptionnel”, indique Ecotechnics. L'énergie (production et distribution d'électricité, distribution de gaz) connaît une croissance continue depuis de nombreuses années. Les mines et carrières en raison de la forte dynamique du secteur du BTP. “C'est ainsi que l'extraction du minerai de fer et celle de pierre, d'argile et de sable ont connu des augmentations très élevées”, note le cabinet, précisant que les autres branches des mines et carrières ont baissé. Les ISMME, aussi, ont connu aussi une croissance. “Elle est, toutefois, tout juste moyenne : 3,9%. Cette croissance est entièrement imputable au 4e trimestre (27,7% entre le 4e trimestre 2008 et le 4e trimestre 2007). Jusqu'au 4e trimestre 2008, l'évolution était négative”, estime Ecotechnics. Cette évolution, explique le cabinet d'études de Saïd Ighilahriz, “semble en très grande partie imputable à la branche de la première transformation des métaux qui a connu une croissance extrêmement élevée au 4e trimestre après une longue tendance à la baisse”. Les autres branches ne dégagent pas de tendances très nettes, même si certaines ont globalement crû en 2008 : métaux non ferreux, biens intermédiaires métalliques, mécaniques et électriques, biens d'équipement électriques. Autre secteur qui a crû, celui de l'agroalimentaire (6,8%). Cette croissance est liée à l'évolution dans la branche du travail des grains et l'industrie du lait. Les autres branches (conserves, boissons, sucre, tabac, produits alimentaires pour animaux...) la production a évolué en baisse. Le secteur de la chimie a, lui aussi, crû (2,5%). Nombreuses sont les branches qui ont connu une croissance : l'industrie chimique minérale de base (2,1%), la fabrication d'engrais et pesticides (1,2%), les autres biens intermédiaires en plastique (7,4%), la fabrication de peintures (10,4%) et enfin la fabrication de produits pharmaceutiques (9,6%). “En fait, ces deux dernières branches doivent être distinguées dans la mesure où elles ont crû aussi en 2007. Ce n'est pas le cas des autres branches qu'on vient de citer. Pour les peintures, cela semble lié à la forte demande du bâtiment et sans doute la compétitivité du produit couplée à d'importantes capacités de production” précise Ecotechnics. D'autres secteurs ont par contre baissé : les matériaux de constructions (-1,6%), les industries textiles (1,1%), les industries du cuir et de la chaussure (-1,2%), les industries du bois, du liège et de l'imprimerie (-11,9%), ou enfin les industries diverses (-20,6%). Le cabinet d'études juge étonnante l'évolution dans le secteur des matériaux de construction. “On aurait pensé, en effet, que la forte demande du BTP aurait entraîné la production dans les différentes branches des matériaux de construction. En fait, cette demande a effectivement un effet. La baisse dans les liants hydrauliques (ciment) n'a ainsi été que de 2,2% après une hausse de 7,1% en 2007. Des arrêts techniques expliquent entièrement l'évolution. Il en est autrement pour les produits rouges (briques et tuiles) et les produits en ciment et les matériaux de construction divers. La tendance est en moyenne négative et s'explique surtout par un défaut de compétitivité par rapport aux produits du secteur privé local ou par rapport aux importations”, explique-t-il. Ecotechnics note que relativement “peu de branches atteignent un niveau de production supérieur à celui de 1989”. En dehors des hydrocarbures de l'énergie et des mines et carrières, le cabinet d'études cite la sidérurgie et la première transformation des métaux, la fabrication de biens de consommation métalliques, la mécanique de précision pour l'équipement, les liants hydrauliques et enfin les médicaments et le tabac. “Pour toutes les autres branches, les niveaux sont en deçà du niveau d'il y a vingt ans”, indique Ecotechnics. Du coup, estime-t-il, la “reprise” constatée dans le secteur industriel public “ne montre pas d'éléments de rupture qui indiqueraient une tendance durable”. Malgré la forte croissance de la demande interne, l'industrie publique n'en profite pas énormément. “Le statut public de ces entreprises et les difficultés de leur management dans un contexte d'absence de sanction des mauvais résultats et d'intrusion permanente du politique dans la gestion constitue un élément de l'explication, de la même manière qu'il explique l'échec des restructurations successives depuis la fin des années 1980”, souligne Ecotechnics. “Ce n'est toutefois qu'une explication partielle”, précise-t-il. Le secteur privé lui-même ne semble pas non plus tirer beaucoup parti de cette forte demande. Sa croissance en 2008 n'a été que de 2,2% selon le CGPP, dans la même tendance que 2007. “L'explication dans ce cas se trouve surtout dans les très grands volumes d'importations frauduleuses mises sur le marché, et dont les prix sur ce marché, le plus souvent informel, défient toute concurrence. Ceci vaut au moins pour les industries de biens de consommation finale”, estime Ecotechnics. Meziane Rabhi