Liberté : Quelles sont les conséquences de la crise mondiale sur les activités d'ArcelorMittal ? Vincent Le Gouic : On est en face d'une crise qu'on n'a jamais connue de mémoire de sidérurgistes. Cela s'est traduit entre mi-2008 et maintenant par une baisse de la consommation. Tout le monde s'accorde à dire que la consommation mondiale d'acier sera inférieure de 10 à 15% par rapport à l'an dernier. On assiste à des phénomènes de déstockage massifs. Nos clients avaient tendance à surstocker. La production réelle d'acier au début d'année était inférieure à 25%. L'Europe a baissé son utilisation de capacité de 90% en 2008 à 50% actuellement. ArcelorMittal c'est le leader mondial, 10% de la production mondiale, cela s'est traduit par une baisse massive de production. Il a montré une réactivité tout à fait impressionnante au 1er trimestre 2009, les résultats sont très en retrait par rapport aux résultats de 2008. Grâce à cette réactivité, on sortira de la crise plus renforcés qu'avant la crise. Les marchés financiers ne s'y trompent pas : pour le 1er semestre, on a levé sur le marché 11,3 milliards de dollars. Quel est l'impact sur les activités et les opérations de MittalSteel Algérie ? C'est un marché porteur. Il continuera à être ferme. Le marché algérien se tient en volumes. On a toutes les possibilités d'accroître et de vendre plus en Algérie. Sur les produits longs (le fil machine), les besoins sont de 2,6 millions de tonnes par an. On produit 600 000 tonnes. On a une marge. Même en ces temps de crise, le marché est ferme parce que l'Algérie est en construction. Ces surcapacités européennes font qu'on est face à un afflux de produits à des niveaux de prix, des niveaux qui nous mettent sous pression qui mettent en péril nos équilibres. On est face à une réelle concurrence. Y aura-t-il des compressions d'effectifs ? On n'a pas de programme de compressions d'effectifs. Que répondez-vous à ceux qui disent qu'ArcelorMittal n'a pas beaucoup investi en Algérie ? Je suis un peu surpris. Dans l'accord de partenariat conclu avec les pouvoirs publics, on s'est engagé à investir 100 millions de dollars. On continue d'investir. Propos recueillis par K. R.