Le patron d'ArcelorMittal Annaba a assuré, au cours d'une conférence de presse organisée hier à Alger, que son entreprise ne procédera pas à des compressions d'effectifs. ArcelorMittal, le numéro 1 mondial de la sidérurgie dans le monde, a décidé de geler ses grands projets d'investissement en Algérie, du moins son mégaprojet sidérurgique de Jijel, destiné à produire beaucoup plus d'acier et beaucoup plus de ronds à béton en Algérie. En tout cas, c'est ce qu'a laissé entendre Vincent le Gouic, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba. Ce dernier a fait valoir d'abord que lancer le projet de Jijel est une décision du groupe. Il a avancé que la nature, le timing de l'investissement ne sont pas encore déterminés. “On n'est pas en état de clairvoyance. On n'a pas assez de visibilité pour prendre cette décision (de lancer le projet). On n'a pas une vision des forces du marché sur le bassin méditerranéen, les réactions du marché à la reprise de l'économie mondiale. Il y a un flou sur la balance offre/demande”, a-t-il argué. À une question sur l'impact des instructions d'Ouyahia sur les activités d'ArcelorMittal Algérie, Vincent le Gouic s'est contenté de répondre qu'elles pourraient influer, elles aussi, sur la décision du groupe de lancer le nouveau projet sidérurgique de Jijel. Le groupe s'était également intéressé aux gisements de fer de Gara-Djebilet dont les réserves sont très importantes. Il semble que là également la crise éloigne un quelconque engagement de grande envergure dans le secteur minier en Algérie. L'heure est davantage aux réductions de coûts dans ses unités de production à travers le monde. Et ArcelorMittal Annaba est touchée par une telle mesure. Cependant, le patron d'ArcelorMittal Annaba a indiqué que les investissements destinés à améliorer le fonctionnement et la production du complexe d'El-Hadjar, qualifié par Vincent le Gouic de “vaisseau amiral” d'ArcelorMittal Annaba se poursuivront. Cette dernière investira 12 millions de dollars dans l'achat de convertisseurs, à l'origine, selon lui, des incidents majeurs qui ont perturbé la production du complexe l'année dernière. ArcelorMittal avait réalisé une production d'acier liquide de 1,3 million de tonnes en 2007, soit la meilleure performance depuis 20 ans. Cette production est tombée à 650 000 tonnes en 2008, en raison d'incidents d'exploitation survenus l'année dernière, particulièrement l'arrêt d'un haut fourneau et d'une aciérie du complexe d'El-Hadjar. ArcelorMittal Annaba vise à produire 750 000 tonnes d'acier liquide en 2009. La capacité du complexe d'El-Hadjar est de 1,8 million de tonnes d'acier liquide par an. La meilleure performance a été réalisée dans les années 1980 avec une production de 1,5 million de tonnes. On est donc bien loin d'une utilisation optimale des capacités du complexe. Chute de la production : seulement 650 000 tonnes d'acier en 2008 Sur la couverture des besoins du pays en produits sidérurgiques, Vincent le Gouic a répondu qu'ArcelorMittal couvre à 100% la demande en produits plats (tôles). Le marché algérien sur ce segment de produits est petit, a-t-il ajouté. En revanche, pour les produits longs (fil machine, rond à béton…), sa part de marché est de 25%. “On n'exporte pas de produits longs. C'est stupide d'exporter quand le marché est en Algérie”. La demande en produits longs est de 2,5 millions de tonnes/an. Le marché algérien se caractérise par un niveau de croissance important en dépit de la crise mondiale, a-t-il soutenu. Sur ce segment de l'offre, ArcelorMittal est concurrencée sur le marché algérien par les importations d'Europe du Sud (Espagne et Italie). En fin de compte, Vincent le Gouic veut ainsi mobiliser ses troupes, avec la conclusion récente d'un pacte d'entreprise pour instaurer un meilleur climat social au sein de l'entreprise, éviter en un mot les débrayages, afin d'améliorer la production. Le patron d'ArcelorMittal considère que les performances d'El-Hadjar sont en deçà de celles des sites de production d'ArcelorMittal dans le monde, voire de la moyenne mondiale. “La production d'acier par agent à El-Hadjar est moindre”, a-t-il argué. Le cap est donc mis sur une augmentation de la production d'acier du complexe d'El-Hadjar. À noter qu'ArcelorMittal, leader mondial de la sidérurgie, présent dans plus de 60 pays, emploie 316 000 salariés. En 2008, il a réalisé un chiffre d'affaires de 124,9 milliards de dollars. Il a produit 103,3 millions de tonnes d'acier brut. ArcelorMittal Algérie compte trois sociétés : ArcelorMittal Annaba qui exploite le complexe sidérurgique d'El-Hadjar ; ArcelorMittal Tébessa qui exploite les mines de Ouenza et Boukhadra d'une capacité de 3 millions de tonnes/an (ces mines fournissent la matière première au complexe d'El-Hadjar) ; ArcelorMittal tubes qui produit des tubes sans soudure pour principalement le secteur pétrolier. Sa capacité de production est de 50 000 tonnes/an. K. Remouche