Les projets d'ArcelorMittal en Algérie sont dans l'incertitude. Interrogé, hier, sur l'impact que pourrait avoir les nouvelles dispositions du gouvernement Ouyahia sur les investissements du groupe, le directeur général d'ArcelorMittal Algérie, Vincent Le Gouic, a déclaré que les mesures en question « pourraient influer sur la décision du groupe concernant certains projets, à l'instar de celui de Jijel ». ArcelorMittal a, rappelons-le, émis le vœu d'obtenir la majorité des parts du capital social du futur complexe de Bellara, dans la wilaya de Jijel, alors que les nouvelles orientations sur l'investissement étranger énoncent que 51% des parts doivent impérativement revenir aux partenaires algériens lorsque l'Etat offre des avantages comparatifs. Le projet de Jijel était destiné initialement à couvrir les besoins du marché national en acier. Lors d'un point de presse tenu hier à Alger, le directeur du groupe indien de sidérurgie a tenu à préciser que « la décision finale concernant ce projet appartient au groupe, mais nous n'avons pas aujourd'hui la visibilité pour prendre cette décision ». En dépit de cette « absence de visibilité » pour les futurs investissements du groupe, son directeur général en Algérie estime, néanmoins, qu'il a l'intention de rester en Algérie. Malgré la concurrence, « je ne dirai par déloyale » que livrent les importateurs qui inondent le marché national par l'acier italien et espagnol, a-t-il signifié. Le groupe indien ArcelorMittal, frappé de plein fouet par la crise économique internationale, préfère temporiser concernant les futurs projets d'investissement inscrits sur son agenda en Algérie. Le groupe, d'après son directeur général, a traversé l'année dernière une grave crise traduite par « une baisse significative de la production ». Les capacités de production étaient réduites de moitié, passant de 1,3 million de tonnes d'acier en 2007 à 650 000 tonnes seulement à fin 2008. Les prévisions de production pour l'année en cours ne dépassent pas les 750 000 tonnes, si l'on tient compte des chiffres fournis, hier, par M. Le Gouic. « Cette baisse de production est due à des incidents liés surtout à l'explosion de deux convertisseurs et à l'arrêt du haut fourneau », explique le conférencier, qui ne voulait pas s'exprimer sur la santé du groupe ArcelorMittal à l'international. M. Le Gouic se contente d'expliquer que le groupe fait face à un trou historique en matière de demande. La baisse a été de 10 à 15% au niveau mondial, tandis que la demande des producteurs d'acier en Europe n'est que de 50%. Cette crise a amené le géant indien de la sidérurgie procéder à une coupe de sa production de 50% en Europe et à réduire les coûts. En Algérie, une baisse importante de la production (de moitié, selon M. Le Gouic) a été recensée en 2008. « La demande est écornée quelque peu par la crise du ciment », fera remarquer l'orateur, soulignant sur sa lancée que le groupe fait face aux flux des importations d'acier de provenance d'Italie et d'Espagne. « Ce fait était d'une conséquence remarquable sur les prix et les états car, nous étions appelés à assumer des pertes », soutient Vincent Le Gouic. Ce dernier a annoncé que ArcelorMittal entend investir 12 millions de dollars pour renforcer ses capacités de production et ce, par l'acquisition de nouveaux convertisseurs. Sur le plan social, le directeur général d'ArcelorMittal en Algérie a annoncé la conclusion d'un accord avec les partenaires sociaux portant surtout sur une revalorisation salariale, acquise après plusieurs grèves paralysant toutes les activités du groupe. Celle-ci, d'après le représentant des syndicalistes, Smaïl Kouadria, présent, hier, à la conférence de presse, est de l'ordre de 35% et qui s'échelonnera sur plusieurs mois.