Dans un village lointain vivait une vieille femme. Elle n'avait ni mari ni enfant. Elle vivait dans la tristesse, rongée par la solitude. Un jour qu'elle se coupait les ongles près du feu, elle se dit : “Oh, si seulement j'avais quelqu'un, fut-il de la taille d'un ongle, je me sentirai moins seule !” Au même instant, l'un des ongles qu'elle venait de jeter se transforma en un petit homme. “Bonjour grand-mère ! Désormais, je serai toujours à tes côtés. Ne me juges pas sur ma taille. Je sais tout faire !” En effet, dès le lendemain, petit homme conduisit les vaches au pâturage. Mais, un jour, qu'il s'était assoupi entre les pétales d'une fleur, une vache le brouta avec l'herbe. Petit homme qui adorait les farces se dit qu'il allait bien s'amuser. Quand la vache regagna son étable, le petit bonhomme se mit à chanter. Pensant que sa bête était possédée par un djinn, le fermier l'égorgea. La panse fut offerte au chef du village. Lorsque sa femme s'en approcha pour la laver, elle laissa échapper un vent. “Péteuse ! Péteuse”, lui cria petit homme de l'intérieur de la panse. Terrorisée, la femme du chef jeta celle-ci dans la cour. Le chien n'en fit alors qu'une bouchée. Le lendemain, le chien accompagna son maître à la chasse. Petit homme se mit à chanter dans le ventre du chien. Le gibier s'enfuit. Furieux, le chasseur tua le cabotin. Peu de temps après, une hyène dévora le cadavre du chien. Mais à chaque fois qu'elle s'approchait d'un village, petit homme se mettait à crier : “Attention à vos troupeaux ! La puante arrive !” Pourchassée, l'hyène finit par mourir de fatigue et de faim. Petit homme quitta enfin sa cachette. Sur son chemin, il aperçut un riche marchand dormant sous un arbre. Petit homme se glissa dans son oreille en hurlant de terribles menaces. Réveillé en sursaut, il prit ses jambes à son cou sans demander son reste. Ravi du tour qu'il venait de jouer au marchand, petit homme ramassa les pièces d'or et poussant devant lui les mules chargées de richesses, il retourna auprès de sa grand-mère. Ils vécurent heureux et dans l'opulence. Nadia Arezki [email protected]