Désormais, Washington veut renforcer sa coopération avec la Libye dans le cadre de la lutte contre le terrorisme à travers une coopération militaire renforcée, confirmant ainsi l'absolution donnée par l'Occident à Tripoli. Fini l'isolement dont a souffert la Libye durant 29 ans de la part des pays occidentaux, qui l'avaient mis sous embargo total. Et c'est Washington qui confirme le retour en grâce du régime de Mouammar Kadhafi, à travers l'annonce d'une coopération militaire entre les deux pays par un haut responsable américain. En visite dans la capitale libyenne, Jeffrey Feltman, secrétaire d'Etat adjoint par intérim au Proche-Orient, a déclaré que les Etats-Unis souhaitent renforcer leur coopération avec la Libye dans le domaine militaire, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. “Nous voulons une coopération plus renforcée dans le domaine militaire”, a-t-il notamment affirmé au cours d'une conférence de presse. Affirmant que Washington et Tripoli étaient d'accord pour coopérer dans le but d'empêcher d'éventuelles opérations terroristes en Afrique du Nord, le responsable américain a souligné que “la Libye et les Etats-Unis sont conscients du danger que représente Al-Qaïda au Maghreb”. Les analystes lient cette importance accordée à la Libye aux activités de plus en plus grandes de la branche Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi), laquelle depuis l'extension de son rayon d'action durant ces trois ans ses opérations dans le Sahel où elle s'en prend généralement aux Occidentaux. Devant l'échec de ses tentatives d'installer en Afrique le siège de son commandement militaire pour le continent, à savoir l'Africom, Washington s'attelle à trouver des solutions de rechange pour assurer sa présence militaire pour venir à bout de la nébuleuse terroriste d'Oussama Ben Laden. Pour revenir aux relations bilatérales américano-libyennes, Jeffrey Feltman s'est félicité par ailleurs de l'évolution des relations entre les Etats-Unis et la Libye après des dizaines d'années de conflit, précisant avoir discuté avec les responsables libyens les moyens de développer les échanges commerciaux et l'investissement. Il indique à titre d'exemple que plus de 1 000 visas américains ont été accordés à des ressortissants libyens depuis la réouverture en avril d'une section de visa, 29 ans après sa fermeture. Dans le cadre de la circulation des personnes entre les deux pays, il a émis le souhait qu'un plus grand nombre d'Américains puisse visiter la Libye. Pour rappel, les relations entre la Libye et les Etats-Unis ont connu, tout au long des trois dernières décennies, des crises à répétition. Elles ont été rompues en 1981 en raison du soutien présumé de la Libye au terrorisme, elles n'ont été rétablies qu'en 2004, après que Tripoli eut renoncé à ses armes de destruction massive. Il n'en demeure pas moins que les rapports sont restés limités jusqu'au règlement, fin 2008, du contentieux entre Washington et Tripoli sur l'indemnisation des victimes du terrorisme dans les années quatre-vingt. Enfin, le secrétaire d'Etat adjoint américain indique à la presse avoir discuté avec les responsables libyens des relations tendues entre le Soudan et le Tchad et de l'évolution de l'Union du Maghreb arabe, que préside actuellement le colonel Mouammar Kadhafi, et qui regroupe, outre la Libye, l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Merzak Tigrine