Le figuier de Barbarie, qui n'est ni un figuier ni de Barbarie, est originaire du nouveau monde. Il s'est si bien et tant implanté chez nous qu'il en est devenu indissociable du paysage. C'est au début du mois d'août que ses fruits inondent le marché, pour ne disparaître qu'à l'automne. Fruit du “Bon Dieu”, il n'y a que les habitants des villes qui déboursent pour l'acquérir. Son arrivée sur le sol maghrébin fut bénéfique pour l'alimentation des populations. Dans les années de disette – elle furent nombreuses – il servira à endiguer la famine. La figue de Barbarie en a gardé un label de misère. Ses qualités nutritives et gustatives ne l'ont toutefois pas fait oublier. En cette période de relative abondance, le fruit refait surface et se paye des titres sur la mercuriale. Aujourd'hui, la plante intéresse grandement les stratèges du développement durable. Ces derniers n'hésitent pas à parler de mine d'or. Hormis ses qualités alimentaires non négligeables, la plante n'a pas encore livré tous ses secrets d'utilisation. Dans son pays d'origine, on lui connaît mille et un usages : alimentation, fourrage, engrais, produits de distillation, huile cosmétique, médecine, plant d'ornement, etc. La pharmacopée populaire l'a bien utilisé en Algérie pour atténuer les couleurs rhumatismales et mûrir les furoncles (raquette) ; ainsi que la préparation d'un sirop à base de fruits, le rob à usage d'antitussif. La pratique a presque disparu. Une innovation, depuis quelque temps les raquettes de hendi (se dit également karmoss ensara, chimbo dans les parlers régionaux) servent de grigri pour conjurer le mauvais œil. Côté cuisine, à part sa consommation en fruit de table, on ne lui connaît pas d'autre usage chez nous. À travers le monde, bien des chefs s'essaient à donner quelque titres de noblesse à la figue de Barbarie. RECETTE Miel de tuna Cette spécialité très répandue en Amérique du Sud est similaire au rob que préparaient nos grands-mères. Il est très probable que la recette se soit implantée avec le fruit. Faire cuire les fruits dans un grand récipient jusqu'à ce qu'ils fondent, en ajoutant des fruits pour garder un volume constant. Ecumez et retirez les graines qui tombent au fond. Laissez bouillir à feu doux en remuant jusqu'à consistance de sirop épais comme du miel. Mettez alors en pots. (La Cuisine sauvage. François Couplan. Editions Equilibres Aujourdhui.) Momo [email protected]