Depuis lundi passé, l'eau du Chélif coule dans les robinets des ménages mostaganémois. D'ici quelques jours, ce sera au tour de la population d'Oran d'en jouir. Tour d'horizon à propos d'un mégaprojet hydraulique sur lequel les pouvoirs publics fondent les plus grands espoirs. Le mégaprojet hydraulique qui désaltérera la capitale de l'Ouest entre en service. À hauteur de 60%, il devra contribuer à résoudre l'épineux problème de l'alimentation en eau potable de Mostaganem, Arzew et Oran, avec une production journalière de quelque 300 000 m3. 750 000 habitants en seront approvisionnés à raison de 180 litres par jour pour chaque résident. Il s'inscrit comme l'un des plus grands paris du programme de développement mis en branle par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans l'optique de sécuriser les disponibilités hydriques, tout en faisant face à des besoins de plus en plus croissants en une ressource de plus en plus moindre. Le MAO, tel qu'il est communément désigné, est ce grand complexe hydraulique qui aura coûté quelque 800 millions de dollars à l'Etat algérien. Substantiels investissements financiers, près de 15 milliards de dollars, depuis le lancement des chantiers en 2007. Un investissement lourd, mais également une prouesse technique grandiose pour alimenter le couloir Mostaganem-Arzew-Oran, à travers les quatre imposants lots que sont le barrage-prise sur le Chélif, le barrage-réservoir de Kerrada, la station de traitement de Sidi-Ladjel et une adduction longue de 93 kilomètres pour amener l'eau jusqu'à la porte de la capitale de l'Ouest. Il s'agira de détourner annuellement quelque 155 millions de m3 d'eau du Chélif, ce plus grand cours d'eau du pays qui, bon an, mal an, charrie environ 500 millions de m3 en direction de la Méditerranée. Du réservoir de Debdaba, 45 millions de m3 d'eau potable traitée seront extraits pour alimenter le groupement urbain de Mostaganem. Oran et Arzew en auront pour 110 millions. La desserte de Mostaganem a été entamée lundi passée. Dans une première phase, et en attendant l'alimentation des autres communes de la wilaya, seules Mostaganem et sa proche banlieue sont concernées. L'eau est livrée h24. “C'est un grand pari”, selon les responsables locaux du secteur. L'arrivée de l'eau du Chélif dans les robinets des ménages mostaganémois constitue le grand événement de cet été 2009. La population oranaise s'en réjouira durant la semaine qui court. Il y a quelques jours, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a supervisé les essais techniques pour la mise en service du complexe. Dans ce cadre, il avait prédit “l'éradication” de la disette hydrique, la résolution définitive du problème de l'AEP pour les villes de Mostaganem, Arzew et Oran. “Je crois que Mostaganem s'est définitivement soulagée de la crise de l'eau, du moment qu'elle disposera de l'appoint largement suffisant au volume reçu du barrage de Gargar, en attendant la réception, prévue pour la fin de l'année, de la station de dessalement. Par ces apports, la desserte de Mostaganem sera totalement sécurisée. Aussi devons-nous nous atteler au renforcement de celle d'Oran. Mostaganem est la première bénéficiaire du MAO. À partir du réservoir de 120 000 m3, ses besoins en eau potable seront couverts sans encombres, ni difficultés. D'ici la fin de l'année, toute la population du chef-lieu de la wilaya jouira de l'eau sans interruption. Nous insistons pour qu'elle reçoive 180 litres d'eau/jour et par habitant. Seulement, il faudrait faire l'effort d'économiser et surtout de ne pas abuser de l'utilisation de ce précieux liquide”, avait déclaré le ministre lors de sa dernière visite consacrée spécialement à la mise en service du complexe. Ainsi a commencé la desserte de la ville de Mostaganem. Combinant les apports du barrage du Gargar et la nouvelle desserte à partir du MAO, tous les quartiers de l'agglomération mostaganémoise reçoivent l'eau potable en permanence. Un défi qui n'a pas manqué d'exposer à la rude épreuve et le réseau de distribution et les employés de l'Algérienne des Eaux qui assure localement la gestion de l'AEP. Outre la couleur rouge de l'eau dont se plaint la population, des fuites et des débordements de réservoirs ou de bâche d'eau sont signalés en maints sites de la ville. À propos de l'altération de la couleur, le directeur de l'hydraulique se veut rassurant à plus d'un titre. Toutes les précautions ont été prises pour livrer une eau parfaitement aseptisée. Tous les laboratoires habilités en la matière ont été sollicités pour l'analyse de l'eau du MAO. Aucune contamination n'est à craindre, selon ce cadre du secteur. La canalisation a été traitée au préalable par javellisation, sur le tronçon des 30 kilomètres qui séparent la station de traitement de Sidi Ladjel du réservoir principal de desserte de Debdaba. “L'eau ne tardera pas à retrouver sa limpidité !” soutient-il. M. O. T.