C'est la première fois qu'une attaque kamikaze se produit dans le pays. L'attentat a visé l'ambassade de France à Nouakchott. Un Américain y a été assassiné, il y a un mois et demi, en pleine campagne électorale pour les présidentielles. Le kamikaze s'est tué samedi après-midi près de l'ambassade de France à Nouakchott, en se faisant exploser au passage de deux Français qui n'ont pas été blessés. Les deux sont des employés de la sécurité de la représentation française. Ils faisaient leur jogging lorsque le kamikaze s'est fait exploser dans la rue. Selon des témoins, le kamikaze était un homme de peau noir, qui portait un boubou. D'après une source diplomatique française, c'est bien l'ambassade française qui était visée. Non loin se trouve également la représentation de la Libye dont le leader avait tenté à plusieurs reprises des médiations lorsque la Mauritanie était au banc des accusés au sein de la communauté internationale, à commencer chez l'Union africaine, pour le coup d'Etat accompli par la junte militaire. Les autorités mauritaniennes ont ouvert une enquête. Cette attaque intervient un mois et demi après l'assassinat d'un Américain à Nouakchott, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et trois jours après l'investiture de l'ex-général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz dans ses fonctions de président. Cette attaque kamikaze est pour les services de sécurité mauritaniens “un fait nouveau” avec lequel ils vont devoir compter. Les contrôles de police ont été renforcés depuis hier. En fait, le danger kamikaze ne date pas d'hier. Un homme qui portait une ceinture d'explosifs avait été maîtrisé par les forces de l'ordre dans un quartier populaire de la capitale, il y a de cela quelques semaines. L'an passé, en avril, plusieurs ceintures avaient également été découvertes dans des caches d'armes. Et puis, la Mauritanie n'a pas échappé aux vagues terroristes. Entre décembre 2007 et février 2008, plusieurs attentats ont frappé le pays. Le premier attentat meurtrier a coûté la vie à 4 touristes français près d'Aleg, dans le sud du pays. Puis des soldats mauritaniens sont tués dans le nord-est. Enfin, un groupe d'hommes armés attaque l'ambassade d'Israël à Nouakchott, la Mauritanie entretenant, avec l'Egypte et la Jordanie, des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Ces attentats devaient conduire à l'annulation du Dakar. Le rallye automobile international s'est délocalisé en Amérique latine. À chaque fois les attentats sont revendiqués par l'AQMI. C'est encore cette franchise d'Al-Qaïda qui frappe en septembre dernier dans la zone de Tourine, à une centaine de kilomètres à l'est de Zouerate, le centre d'exploitation du minerai de fer. AQMI toujours signe le meurtre par balle d'un Américain à Nouakchott, à la fin juin. Le groupe est issu de l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien (GSPC). Les forces de l'ordre mauritaniennes ont monté plusieurs opérations pour tenter d'éradiquer l'islamisme radical. La lutte contre le terrorisme est l'une des priorités de Mohammed Ould Abdel Aziz, investi voilà cinq jours à la présidence. D. B.