UN FRUIT ANTIQUE Le palmier, à côté du figuier et de l'olivier, est indéniablement un des arbres emblématiques de notre pays. Nos ancêtres qui ont goûté à ses fruits, d'abord sauvages, domestiqueront l'arbre pour en avoir toujours de plus bons et plus abondants. Déjà, les anciens Grecs décrivait les habitants de nos contrées comme attachés à la culture du palmier : “Les Nassamons, nation nombreuse qui, pendant l'été, laissait ses brebis sur le bord de mer, montent dans le pays d'Augila (actuelle Libye) pour y récolter les fruits des dattiers. Ces arbres y sont nombreux et touffus et tous produisent des dattes”. Dans l'Odyssée, Homère faisait surgir de terre, à Delos, un superbe palmier pour servir d'appui à Latone, la déesse de l'île, lorsqu'elle donna naissance à Apollon. Les auteurs latins, quant à eux, ne firent pas grand cas des dattes d'Afrique. Très bonnes et très douces, elles avaient la réputation de perdre promptement leur saveur ; aussi, Pline donne-t-il la préférence aux dattes d'Orient. La littérature coloniale n'a pas manqué de chanter le palmier-dattier : “C'est aussi de l'or que rapporte à l'Afrique l'exportation des dattes, pareilles à des doigts de lumière, d'une saveur si exquise que les anciens croyaient retrouver en elle ce fabuleux lotus, délicieux au point de faire oublier la patrie, filles diaphanes du soleil qui mûrissent là-bas, loin dans le Sud, sous le panache des hauts palmiers dont les racines plongent dans la fraîcheur des sources, et dont les têtes s'épanouissent dans le feu du désert...” La datte figurait dans la nomenclature des produits de la colonie à l'usage de la Métropole. UNE LONGUE HISTOIRE Selon les historiens botanistes, le palmier-dattier serait originaire du golfe Persique. Le dattier de par sa nature a donné naissance à de nombreuses légendes et croyances. La Vierge Marie, secouant un palmier pour se sustenter alors qu'elle portait en son sein Aïssa, n'est pas sans rappeler Latone donnant naissance à Apollon. Dans l'Antiquité, de nombreuses pratiques assimilaient le phœnix Dactylifera à un être vivant doué d'une sensibilité quasi humaine. Aussi, bien avant que l'on découvre aux plantes des penchants à la mélomanie, on n'engageait, pour l'entretien des palmeraies que des gens gais et joyeux. Ou encore cette pratique pour “feinter” un dattier récalcitrant : deux hommes, dont l'un armé d'une hache, dialoguaient sous son ombrage. Le premier, s'adressant à l'arbre, disait : “Comme tu ne me rapportes rien, j'ai grande envie de te couper, et ce disant, il frappait le tronc d'un léger coup. À ce moment, le second personnage intercédait en faveur de l'arbre et répliquait : “Laisse-le, car il te donnera, je m'en porte garant, des fruits l'an prochain, tu verras !” Ensuite, ils s'éloignaient et, l'année d'après, l'arbre devenait fertile.