Le ministère du Commerce intègre progressivement les spécificités du mois de Ramadhan dans son programme de travail. Il suit l'approvisionnement de la population en produits alimentaires et les conditions d'application des prix et des marges réglementées. Conformément à l'ordonnance relative à la concurrence, les prix sont libres. Toutefois, il existe des exceptions consacrées dans l'article 4 de cette même ordonnance. Cette disposition permet aux pouvoirs publics de fixer des prix, marges en cas de calamité, de flambée des prix, d'approvisionnement difficile du marché et de situation de monopole naturel. À l'heure actuelle, seuls la semoule de blé dur, la farine pour panification, le pain courant et amélioré et le lait en sachets bénéficient de la compensation des prix. En termes plus clairs, ce sont 4 produits subventionnés par l'Etat. Cette subvention a coûté 157 milliards de dinars à l'Etat en 2008 et environ 100 milliards durant les 9 mois de l'année 2009. Un responsable au ministère du Commerce a indiqué que pour les produits d'épicerie, le marché est stable. La stabilité concerne à la fois l'approvisionnement et les prix. Cela est dû à la fluidité des circuits de distribution et des stocks intra-muros de deux mois de matières premières ou de produits de consommation finaux. Concernant les fruits et légumes, notre interlocuteur révèle : “Nous sommes en pleine saison, le marché est approvisionné dans de bonnes conditions. Cependant, 7 produits ont vu leurs prix augmenter de plus de 30% en moyenne. Il s'agit des tomates, salade, piments, carottes, oignons, poivrons et courgettes. La même source explique cela par la rigidité de l'offre et l'élasticité de la demande. Ce qui, par conséquent, engendre une pression sur les prix pendant le mois sacré. Pour ce responsable, la hausse n'a pas touché les fruits frais. Ce n'est pas le cas des viandes blanches et rouges. Pour les premières, la hausse des prix trouve son origine dans les pertes induites par les fortes chaleurs auxquelles n'ont pas pu faire face les aviculteurs. L'autre raison évoquée a trait aux cours élevés des intrants, à savoir la nourriture et les médicaments. La flambée de la viande rouge, argue notre source, est le fait de la réduction de l'offre qui est, elle-même, provoquée par les conditions climatiques favorables. L'existence de l'herbe, du foin, de l'orge et de la paille a poussé les éleveurs à préserver leur cheptel et à ne pas vendre. Conséquence : le prix du cheptel vif a connu une augmentation, et cela s'est répercuté systématiquement sur ceux de la viande rouge. Quant à la hausse des prix de la viande bovine congelée importée, elle est essentiellement due aux nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009, instaurant la TVA à 17% et des droits de douane à 30%. Ses tarifs sont passés ainsi de 340 DA le kilogramme à 370 DA, en moyenne, ajoute la même source. Interrogé sur la lancinante problématique de la régulation qui fait défaut dans notre pays, ce responsable affirme que pour l'approvisionnement, il faut une offre conséquente, régulière et variée dans l'espace et dans le temps. La demande pour ces produits est satisfaite par la production nationale ou l'importation. “C'est là où les actions doivent être centrées”, précise-t-il. En outre, il faut disposer, suggère-t-il, d'infrastructures commerciales denses pour éviter le transport des produits sur de longues distances et empêcher ainsi les commerçants de prendre en compte dans le calcul de leur prix final les frais de transport. À cela, il y a lieu d'ajouter une législation et une réglementation commerciale cohérente et efficace. Il faut prévoir aussi, note notre source, une compensation et/ou une exonération, voire une réduction du poids de la fiscalité, à savoir la TVA et les droits de douane. “En diversifiant les infrastructures commerciales, on coupe l'herbe sous le pied des spéculateurs et on assainit un tant soit peu le marché informel”, affirme le responsable. En plus des 42 marchés de gros existant, la tutelle a eu le feu vert du gouvernement pour la réalisation de 50 autres d'ici à 2014. 4 d'entre eux sont d'envergure nationale, 25 à vocation régionale et les 21 restants seront édifiés au niveau des wilayas. Il est à noter que les travaux pour l'édification de 8 projets sont déjà entamés. En ce qui concerne les marchés couverts et de proximité, le ministère a demandé à l'Exécutif la construction de 1 838 en plus des 840 opérationnels actuellement. Par ailleurs, le département de M. Djaâboub a entamé un autre travail pour encourager la grande distribution, notamment les hypermarchés, supermarchés et centres commerciaux.