Le président de la République consacre ce mois de Ramadan au bilan de différents secteurs, en auditionnant les ministres. Par ces séances d'audit, le chef de l'Etat cherche à connaître l'état de mise en œuvre de son programme afin de prendre des mesures à même de lever les contraintes qui pourraient être à l'origine d'un blocage dans la réalisation de tel ou tel projet dans les délais fixés. Rien d'anormal dans cette façon de faire du président de la République. Le hic est dans les comptes rendus que diffuse la très officielle agence de presse APS à chaque audition, les mêmes bilans positifs sont présentés au public. Pourtant, sur le terrain rien n'a fondamentalement changé : les cycles de l'économie algérienne sont, depuis l'Indépendance, le reflet des cycles du cours des hydrocarbures. Les faiblesses de l'économie et de sa croissance sont connues : une industrie en panne, une croissance fortement dépendante de la demande publique, un secteur des hydrocarbures qui accroît fortement sa place dans l'économie et une agriculture soumise aux aléas climatiques. La croissance demeure entraînée par la dépense publique. L'investissement des entreprises est le fait d'un nombre limité de secteurs, alors que la plupart des entreprises butent sur des contraintes de l'accès au financement. L'excédent d'épargne nationale, sous forme de réserves de change, et la surliquidité des banques dans un contexte de croissance extrêmement réduite des crédits à l'économie témoignent à l'évidence d'un problème d'efficacité de l'emploi des ressources financières actuelles. Plusieurs projets accusent des retards engendrant d'importants surcoûts. Cependant, aucune fausse note n'apparaît dans le texte de l'agence. Le marché national est contrôlé par les spéculateurs. L'APS ne fait pas état non plus des reproches que le Président aurait faits aux ministres. La presse, lors des précédentes auditions, avait fait état d'une certaine colère du chef de l'Etat contre certains ministres, mais sans suite. Aucune sanction n'a été prise, du moins officiellement contre les “mauvais ministres”. Aucun ministre réprimandé publiquement par le Président n'a, par ailleurs, osé démissionner. À quoi servent alors ces séances d'audit, si sur le terrain rien ne change ? Pourquoi ces séances d'examen si, au final, il n'y a pas de sanction ? La nouveauté cette année : ces auditions coïncidant avec le début de la troisième mandature, une esquisse de ce que pourrait être le programme quinquennal 2010-2014 se dessine. Ainsi, pour le transport, le secteur propose de poursuivre le développement du transport urbain à travers la réalisation d'une première ligne de métro à Oran. Le ministre des Transports prévoit également la mise en concession des ports à conteneurs d'Oran et d'Annaba et le lancement de l'étude de la réalisation d'un nouveau port commercial au centre du pays, afin de décongestionner le port d'Alger. Le secteur des ressources en eau prévoit, entre autres, la construction de nouveaux barrages et la surélévation de certains en place, pour porter les capacités de retenues des eaux de surface de 7,1 à 9,1 milliards de mètres cubes, soit une augmentation de plus de 30%. Le département a, par ailleurs, inscrit la réalisation de six grands projets de transferts et de 14 adductions majeures, la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable de 32 villes, ainsi que la réhabilitation des réseaux d'assainissement de 24 villes et la réalisation de 64 nouvelles stations d'épuration des eaux usées pour atteindre une capacité totale de traitement de 740 millions de mètres cubes par an.