Sur le plan politique, la démarche revêt un caractère “électoral et électoraliste”. Le président de la République a entamé l'opération d'évaluation des projets qu'il a lancés durant les trois premières années de son mandat. Depuis jeudi dernier, les ministres sont convoqués au palais d'El-Mouradia pour des séances de travail avec le chef de l'Etat en présence de son directeur de cabinet Larbi Belkheir et du Chef du gouvernement Ali Benflis, apprend-on de source concordantes. C'est par secteurs d'activité que les membres de l'exécutif sont auditionnés pour faire le point sur l'état d'avancement des chantiers lancés dans le cadre du programme de soutien à la relance économique annoncé par Bouteflika en avril 2001. Au cours de ces réunions, les ministres sont tenus de livrer tous les détails sur les opérations entamées, les premiers résultats et ce qui reste à réaliser. Selon certaines indiscrétions, le Président veut avoir une idée sur l'impact de ce programme sur le plan social plus de quinze mois après son entrée en vigueur. Les séances de travail avec tous les ministres, reçus individuellement ou en groupes selon le secteur d'activité, se poursuivront durant tout le mois de ramadhan, ajoutent nos sources. C'est sur la base des données — et du bilan bien sûr — que sera jugé le rendement de chaque membre du gouvernement notamment ceux qui ont participé au lancement du plan en question. Ces rapports d'activité seront minutieusement étudiés par le président et ses différents collaborateurs à El-Mouradia. La réponse du chef de l'Etat se traduira par une série de mesures qui touchera le fond et la forme, affirment des sources autorisées. Il s'agirait des changements que Bouteflika compte apporter sur le plan des acteurs chargés de mener ces chantiers mais aussi des domaines d'intervention. Certains responsables estiment que le Président a constaté des lenteurs dans la conduite du plan et entend lui donner un nouveau souffle de façon à lui rendre son cachet initial : celui de contribuer à l'absorption du chômage et la relance des activités de base de l'Etat. On prête au Président l'intention d'apporter du sang neuf à ses projets en injectant de nouveaux éléments. Les corrections qui seront introduites viendront sous forme d'orientations au cours d'un Conseil des ministres qui se tiendra à la fin de l'opération d'évaluation. Celle-ci sera élargie aux 48 walis directement concernés par l'application des termes du plan. À en croire des sources informées, le chef de l'Etat recevra juste après les ministres, les premiers responsables des wilayas pour les écouter sur les difficultés rencontrées sur le terrain pour la mise en œuvre des actions contenues dans le processus enclenché en avril 2001. Sur un autre registre, on parle de la volonté du président de la République de s'investir davantage dans l'amélioration des conditions sociales des citoyens. Ainsi, il est attendu l'annonce d'une batterie de mesures pour absorber la grogne sociale qui touche pratiquement tous les secteurs d'activité. Une enveloppe budgétaire conséquente sera dégagée pour la prise en charge de ce volet important de la gestion du quotidien. Ce programme vise, selon les mêmes sources, à amortir le choc que provoquera dans les prochains mois l'application de la deuxième génération de réformes, notamment dans les secteurs des services, des hydrocarbures et de la Fonction publique. Par cette stratégie, Bouteflika veut anticiper sur les conséquences de la mise en œuvre de ces réformes et couper par la même occasion l'herbe sous les pieds des partenaires sociaux. Sur le plan politique, la démarche revêt un caractère “électoral et électoraliste”. C'est par ce programme que Bouteflika va s'impliquer pleinement dans la campagne avant l'heure pour les présidentielles d'avril 2004. Reste à savoir qui sera chargé de traduire dans les faits le plan de relance révisé. M. A. O.