Exploitant la naïveté des gens, Aminou Iragha, un charlatan venu du Niger, promettait monts et merveilles à ses victimes. Les juges de la cour de Bordj Bou-Arréridj viennent de le condamner à 18 mois de prison ferme. Chambre correctionnelle près la cour de Bordj Bou-Arréridj. Aminou Iragha occupait un siège parmi les suspects qui devaient être jugés. Il est accusé d'escroquerie, de charlatanisme et de création de lieu de débauche. Le président du tribunal appelle Abderrahim à la barre. Cet homme, âgé de 35 ans et originaire du Niger, avance en traînant le pas. Le président appelle également une jeune femme et un jeune homme. Ces deux derniers étaient parmi l'assistance. Ils se sont levés et ont rejoint l'accusé. Le président du tribunal leur a demandé d'attendre en dehors de la salle d'audience. “Vous êtes accusé d'escroquerie, qu'en dites-vous ?”, demande le juge à Aminou, tout en parcourant les documents du procès-verbal. Gardant le silence quelques secondes, Aminou Iragha nie l'accusation. “Je ne les ai pas trompés, Monsieur le président. Je n'ai pas encore terminé mon travail”, répond-il. De quel travail parle-t-il ? Aminou Iragha a expliqué au tribunal qu'il s'agit d'un “travail” de soins pour aider ses clients à résoudre leurs problèmes. Ce dernier fait semblant d'ignorer que la sorcellerie est sanctionnée par la loi qui l'assimile à une escroquerie. Le code pénal est clair. Notons que les faits remontent au mois de juin dernier quand les éléments de la PJ ont procédé à son arrestation en compagnie d'une femme dans un appartement, en plein centre-ville de Bordj Bou-Arréridj. L'homme, qui présentait un faux permis de conduire délivré par la wilaya d'Adrar au nom Koula Amine, a fini par donner son vrai nom : Aminou Iragha, né en 1974 à Difa, dans la wilaya de Zenidar au Niger. La femme, a déclaré à la police qu'elle a fait appel à lui pour l'aider à se marier. D'un âge avancé et encore célibataire, elle a pensé qu'il pouvait lui trouver une solution pour se marier en lui faisant des amulettes. Contre une somme de deux mille dirhams, il lui a promis que son rêve sera réalisé bientôt. Mais en vain. Les jours, les semaines et les mois se sont écoulés. Aucun homme ne s'est présenté. Mais, le charlatan a su la convaincre. Il finit par abuser d'elle, plusieurs fois, selon la victime. Une copine de la jeune femme, qui était l'intermédiaire, est aussi tombée dans les filets du Nigérien. Quant au propriétaire de l'appartement, qui est très superstitieux, il croit qu'il est victime d'une sorcellerie. Le jeune homme s'est adressé au charlatan pour le guérir. Ce dernier lui a demandé de l'argent et de loger chez lui. Le jeune homme était prêt à faire n'importe quoi pour retrouver sa virilité. Après avoir entendu les témoignages des deux victimes, le réquisitoire du substitut du ministère public et la plaidoirie de l'avocat de la défense, le tribunal a jugé Aminou Iragha coupable d'escroquerie et de charlatanisme et l'a condamné à 18 mois de prison ferme.