Le patronat ne cache pas son appréhension quant à l'application de l'augmentation du SNMG lors de la prochaine tripartite. Cette révision à la hausse des salaires acquise, puisque décidée par le président de la République au cours de sa campagne électorale pour la présidentielle, ne les a pas empêchés, en revanche, d'évoquer la situation peu reluisante d'une grande majorité d'entreprises. L'incapacité des sociétés à faire face à cette revalorisation du SNMG est mise en avant dans les récentes déclarations des patrons. En termes plus clairs, ils lient ce projet d'envergure à l'environnement immédiat des entreprises. Une chose est certaine, cette crainte sera à coup sûr invoquée au cours de la prochaine tripartite, dont la date n'est pas encore arrêtée. Les organisations patronales craignent que ces augmentations n'aient un impact négatif sur le fonctionnement à l'avenir de leurs sociétés. Leur inquiétude s'intensifie davantage, notamment avec la mise en œuvre des nouvelles dispositions consacrées dans la loi de finances complémentaire pour 2009. C'est le cas de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGOEA). Pour son président M Habib Yousfi, “si l'on parle d'augmentation des salaires, cela suppose que l'entreprise peut tourner dans le cadre d'un environnement serein, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui”. Ce patron a aussitôt planté le décor. “C'est la nouvelle donne née de la loi de finances complémentaire qui pose véritablement un problème de la viabilité de l'entreprise”. Si la révision est un acquis pour la majorité des Algériens, il n'en demeure pas moins que les patrons minimisent cette euphorie. “On doit lier l'avenir de l'entreprise à la situation actuelle. On ne peut pas donner des augmentations tant qu'on ne sait pas si l'entreprise est viable à travers les dernières mesures annoncées par le gouvernement”, relève cet opérateur. En effet, les chefs d'entreprise considèrent que les dernières décisions, prises dans le cadre de la LFC, constituent un “frein à leur avancée”. Les mêmes tempérament et attitude ont été affichés à ce propos par la vice-présidente de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Mme Sarah Hassam. Dans la perspective de cette révision salariale, elle compte, affirme-t-elle, faire des propositions. “Nous allons proposer une catégorisation du personnel”. Autrement dit, les rémunérations doivent être liées à la nature du travail et à la rentabilité. “Nous allons également poser le problème de la fiscalité et du niveau d'inflation”, renchérit-elle. Même topo chez les femmes chefs d'entreprise. Organisées en l'association Seve, elles estiment que les patrons n'ont pas intérêt à ce que le pouvoir d'achat se détériore. “L'augmentation du SNMG n'est pas une question isolée. On ne peut pas dire simplement que les choses vont se faire aussi facilement que ça. Aujourd'hui, l'entreprise vit des difficultés énormes”, souligne Yasmine Taya, la présidente de l'association. La réévaluation du SNMG, qui n'a, au fait, aucune relation avec l'amélioration du pouvoir d'achat, est une promesse faite par le Président. Par ailleurs, l'UGTA s'est déjà mise au travail avec l'installation d'un groupe de travail qui planche sur le salaire moyen type d'une famille algérienne.