Les Douanes algériennes ne sont pas outillées pour contrôler toutes les marchandises importées. C'est du moins ce que nous a affirmé une source, qui précise qu'environ 500 conteneurs débarquent quotidiennement au port d'Alger. “Avec les effectifs et les moyens dont disposent les services des douanes, il est quasiment impossible de contrôler toutes les marchandises”, souligne notre interlocuteur, qualifiant la situation en termes de contrôle et de vérification de dramatique. Il avance plusieurs raisons qui font qu'aujourd'hui les Douanes algériennes n'arrivent pas à endiguer les courants de fraude. Le personnel n'est pas suffisamment qualifié pour traquer la fraude. Mais notre source avance aussi le phénomène de la corruption. “L'indicateur de contrôle est le contentieux. Or au niveau des douanes, le contentieux est quasiment nul”, indique notre source, qui parle de plusieurs failles, entre autres l'insuffisance de dispositifs de contrôle de normes et de la qualité. “Ces dispositifs doivent être institués et renforcés. Parce qu'on ne peut estimer la valeur d'un produit sans connaître sa qualité”, explique notre interlocuteur, insistant notamment sur le contrôle avant l'expédition. “Il faut mettre des passerelles d'échanges de renseignements avec les différents pays d'origine des importations. Pourquoi ne pas signer des conventions pour le contrôle avant expédition”, suggère notre source qui insiste sur le fait que techniquement les services des douanes tels qu'ils existent actuellement au niveau des frontières ne peuvent pas contrôler tout. Notre interlocuteur cite l'exemple des pays de la Communauté européenne. “La marchandise est contrôlée par le pays exportateur, avant expédition”, indique-t-il. Questionné sur le recours à des sociétés spécialisées par les Douanes algériennes pour contrôler la marchandise avant son expédition, notre interlocuteur indique qu'il n'est pas spécialiste en la matière, mais il n'est pas fondamentalement contre cette idée. “Faire appel à des sociétés spécialisées pour contrôler la marchandise avant son expédition ou un autre moyen, l'essentiel est que le contrôle se fasse dans les règles de l'art”, estime-t-il. Pour rappel, la direction générale des douanes en expliquant le dispositif de recours aux sociétés spécialisées dans le contrôle des importations avant leur expédition sur l'espace douanier a indiqué que “cette pratique a pour but de sauvegarder les intérêts financiers nationaux (prévention contre la fuite des capitaux et de la fraude commerciale, baisse des recettes douanières par la minoration des valeurs déclarées ainsi que du contournement des droits de douanes) et la lutte contre la contrefaçon”. Ces nouvelles mesures de contrôle des importations, prévues par la loi de finances complémentaire 2009, portent notamment “sur les éléments de la déclaration en douanes tels que l'espèce, l'origine et la valeur des marchandises”, avait précisé la DGD dans un communiqué. L'objectif est de lutter contre l'importation de produits contrefaits et la fuite des capitaux. Les sociétés étrangères de contrôle fourniront des informations sur les marchandises destinées à l'Algérie, mais c'est la douane qui décide de leur entrée ou non sur le territoire national. Notre interlocuteur estime que les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire ne visent pas à limiter les importations, mais plutôt encadrer le commerce extérieur. “Celui qui veut importer, continuera à importer. Ce n'est pas interdit”, précise-t-il, estimant que l'Algérie accorde “trop” de facilités. Or, souligne, notre source, “il faut lier les facilitations accordées à la capacité de contrôle”.