Plus de 1508 interventions ont été effectuées en moins de 24h à travers tout le territoire national. La nuit de la célébration du Mawlid Ennabaoui a été, comme de tradition, éreintante pour les éléments de la Protection civile. Selon un bilan établi hier, cette institution a recensé 1508 interventions en moins de 24 heures, à travers le territoire national. Le même bilan fait ressortir 18 incendies d'appartement liés directement à l'utilisation des pétards. Rien que dans la capitale, 232 interventions ont été opérées dont 12 incendies signalés au niveau des foyers. Fort heureusement, ces incidents n'ont pas provoqué de dégâts humains et matériels. Ces chiffres démontrent, si besoin est, l'étendue du «gâchis» provoqué par les produits pyrotechniques, importés, faut-il le signaler, frauduleusement. Les éléments de la Protection civile ont réussi une maîtrise rapide des incendies. Contacté par nos soins, son responsable de communication affirme qu'un dispositif spécial a été mis en place et l'ensemble des équipes ont été mises en état d'alerte maximum depuis une semaine. Au niveau du service des urgences de l'hôpital Mustapha, le nombre d'accidents, de brûlures enregistrés durant la nuit du lundi à mardi, demeure néanmoins insignifiant. «Nous n'avons pas reçu beaucoup de cas cette année», nous a affirmé un responsable du service. Cela dit, même si la fête s'est déroulée sans trop de dégâts, il n'en demeure pas moins que la question de la sécurité publique mérite d'être posée. Alors que l'importation des produits pyrotechniques est strictement interdite par la loi, le marché algérien est, à chaque occasion du Mawild, inondé de différents types de pétards qui proviennent des pays asiatiques comme la Chine. Cette situation démontre effectivement que le phénomène de la corruption continue de sévir au sein de l'institution douanière. Malgré le renforcement des dispositions de contrôle au niveau des frontières et des ports, ces produits arrivent toujours à se frayer un chemin à l'intérieur du pays. Selon des sources au fait de ce trafic, les contrebandiers usent de nouvelles stratégies comme celles empruntées par les filières de trafic de cigarettes et de drogue. Le trafic terrestre s'opère à partir des frontières sud et ouest. A partir de ces frontières, les trafiquants font appel aux mêmes réseaux spécialisés dans le trafic de cigarettes pour l'acheminement de la marchandise en question. Par petites quantités, les produits pyrotechniques sont acheminés par bus (transport de voyageurs), qui échappent très souvent au contrôle des services de sécurité ou par l'intermédiaire de routiers. L'autre moyen utilisé est celui du transport maritime. Importés de Chine ou de Thaïlande, les produits pyrotechniques sont introduits également à partir des frontières maritimes. Les ports d'Alger, de Béjaïa ou de Skikda sont, selon des responsables du secteur, les plus empruntés pour l'introduction de ces produits. Ainsi, pour échapper au contrôle, les spécialistes du trafic importent les produits à longueur d'année et par petites quantités qu'ils stockent. Ce qui explique évidemment que, même si la direction des Douanes a renforcé son système de contrôle, pour faire barrage à la corruption, elle n'arrive pas à mettre la main sur tout ce qui transite par le port. Jusqu'à présent, des quantités importantes évaluées à des centaines de tonnes échappent au contrôle des douaniers. L'ampleur du phénomène amène à penser que certains agents de la douane pourraient être impliqués dans ce réseau de corruption. Or, cela n'empêchera pas de dire que la douane commence réellement à bouger et prendre les choses en main. D'ailleurs, les services des douanes du port d'Alger ont saisi récemment deux conteneurs de produits pyrotechniques prohibés d'une valeur marchande estimée à 1,5 milliard de centimes. Les conteneurs, importés de Chine par une entreprise algérienne, renfermait 1591.360 unités de pétards et 1450.400 unités de fusils à pétards. Ces quantités étaient dissimulées sous des cartons de bougies décoratives (15.600 unités) et des cierges magiques (2965.000 unités), selon le chef d'inspection divisionnaire au port d'Alger, M.Salem Nabil. «C'est la deuxième fois que la même entreprise verse dans ce genre de trafic. L'année dernière, nos services lui ont saisi trois conteneurs comportant des pétards dont la valeur marchande est estimée à 6 milliards de centimes», a précisé M.Salem. Il est vrai que ce commerce juteux continue de gagner le marché algérien, reconnaît-il, mais la lutte contre ces produits est de mise. Preuve en est, d'importantes saisies ont été opérées durant ces quatre dernières années. Selon lui, pour la seule année 2003, les services des douanes ont saisi 62.984.720 unités, 3245.263 en 2004, alors qu'en quatre mois, en 2005, les services des douanes ont saisi dix-huit conteneurs dont quinze de 40 pieds et un de 20 pieds au niveau du port d'Alger et deux autres de 20 pieds au niveau de la zone sous-douane de Rouiba.