Edimbourg a rejeté, hier, les accusations d'avoir pris la décision de libérer pour raisons de santé Abdelbasset al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie, sur la base de rapports de médecins payés par la Libye. Selon le Sunday Telegraph, le gouvernement libyen avait payé les médecins qui ont assuré qu'il ne restait à Abdelbasset al-Megrahi que trois mois à vivre, condition pour qu'il puisse prétendre à une libération anticipée. Le gouvernement écossais a assuré que le diagnostic des trois médecins payés par Tripoli, dont deux sont Britanniques, était intervenu trop tard pour interférer dans la décision du ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, de libérer le Libyen, atteint d'un cancer de la prostate. Selon un porte-parole, M. MacAskill avait pris sa décision d'après les rapports médicaux établis par “plusieurs” spécialistes concernant l'espérance de vie du Libyen, parmi lesquels deux cancérologues et une équipe de soins palliatifs. “Prenant en compte tous les rapports, le directeur de la santé et des soins du Scottish Prison Service (SPS) a conclu que le diagnostic d'une espérance de vie de trois mois pour le patient était une estimation raisonnable”, a-t-il déclaré. Megrahi, 57 ans, a été condamné en 2001 à la prison à vie pour son implication dans l'explosion d'un avion de la Pan Am en 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie. Sa remise en liberté, le 20 août par l'Ecosse, a suscité un vif mécontentement, en particulier aux Etats-Unis d'où sont originaires la plupart des 270 victimes de l'attentat. Elle a également alimenté les spéculations sur un échange “pétrole contre Megrahi”, en particulier sur le fait qu'un accord d'exploration pétrolière, d'une valeur potentielle de 15 milliards de livres, entre la Libye et la compagnie britannique BP était à l'époque dans l'impasse. Par ailleurs, le Sunday Times affirme que le Premier ministre Gordon Brown a refusé de faire pression auprès du colonel Kadhafi pour qu'il accorde des indemnités aux victimes d'attentats de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) perpétrés à l'aide de matériel venant de la Libye. Selon le journal, M. Brown a écrit à l'avocat représentant les victimes, Jason McCue, en octobre 2008, pour lui dire qu'il aurait été “mal venu” d'entamer des discussions à ce sujet avec Tripoli. Le Premier ministre aurait ainsi voulu éviter de mettre en péril la coopération naissante avec la Libye, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.