PATATI, BATATA… Elle fait couler la salive, l'encre, l'huile… La pomme de terre est devenue aussi nécessaire que le blé. Paradoxe, l'introduction de sa culture dans l'ancien monde devait servir de substitut aux céréales. De culture facile, aisée à cuisiner, la pomme de terre ne demande même pas l'effort de mastication quand elle est réduite en purée. Devenue “légume majeur” de la cuisine universelle, la gastronomie a fini par l'adopter et même la chouchouter après l'avoir boudée de longs siècles. Bien que connue en Algérie très probablement depuis le XVIe siècle, sa présence n'est attestée, dans les jardins des montagnards de l'Atlas blidéen, qu'au XIXe siècle dans les rapports de l'armée d'occupation. Avant de s'imposer par nécessité, l'usage alimentaire de la pomme de terre, durant les périodes de rationnement des grandes guerres européennes, devra d'abord essuyer la résistance des cuisines algériennes avant d'occuper nos meïdate, quelques décennies plus tard, Si chez certaines familles, il est encore malséant de présenter un plat de pomme de terre aux invités, dans le quotidien, il en est autrement. Les générations d'aujourd'hui ne mangeraient que de la patate. Pratique décriée par quelques nutritionnistes. Vainement. Hélas ! La pomme de terre continue à investir la cuisine algérienne dans ses spécialités les plus traditionnelles. Du couscous à la chorba en passant par la chekhchoukha, on la retrouve partout. C'est peut-être ça aussi la globalisation.