Une chèvre qui élevait deux jeunes chevreaux vivait paisiblement à la lisière d'une forêt. Chaque jour, avant de partir à la recherche d'herbe fraîche pour ses petits, elle les mettait en garde :“Mes chéris, n'ouvrez la porte à personne. Le chacal rôde dans les parages.” À son retour, elle toquait à la porte en fredonnant : “Ouvrez mes petits, ouvrez, je suis votre mère la chèvre, je vous apporte un peu d'herbe entre mes cornes un peu d'eau dans ma bouche et un peu de lait dans mes mamelles.” Le chacal qui était aux aguets entendit la chanson. Le lendemain, il se poste aux alentours. Dès que la maman chèvre s'éloigne, il appelle les bébés chevreaux en tentant d'imiter la voix de leur mère. Mais les petits avaient bien retenu la leçon. Cette grosse voix grave n'avait rien à voir avec celle mielleuse et limpide de leur chère maman. Ils refusèrent d'ouvrir la porte. Furieux, le chacal tourna les talons jurant qu'il reviendra. Une idée germa dans son esprit et il s'empressa de la mettre à exécution. S'endurant le gosier de miel pur, le chacal s'endormit la gueule grande ouverte, près d'une fourmilière. Alléché par l'odeur du miel, une armada de fourmis se précipita pour racler la gorge de l'animal. À son réveil, le chacal avait une voix douce et fine. Il retourna dare-dare devant la maison de la chèvre. Cette dernière était absente. Le chacal imita sa voix et, cette fois-ci, les chevreaux tombèrent dans le piège. À son retour, en constatant la disparition de ses petits, la chèvre décida de se venger. Elle grimpa le long d'une falaise. À son pied se trouvait une profonde rivière où le chacal venait se désaltérer chaque jour. La chèvre grimpa au sommet de la falaise et se posta au bord de façon à ce que son reflet se miroite sur la surface de l'eau. Bientôt, le chacal fit son apparition. Il crut voir la chèvre dans l'eau et plongea directement dans la rivière pour la dévorer. Il se noya sous les ricanements de la chèvre qui l'observait du sommet de la falaise. Nadia Arezki [email protected]