Pourquoi le département de l'Education est-il revenu sur cette expérience qui n'a pas connu un grand succès les années précédentes ? Quels sont les critères pour choisir les élèves excellents ? L'excellence se mesure-t-elle aux seules normes scolaires ? Des questions qui s'imposeront lors du lancement de ce projet qui est prévu dans plus d'un an. L'Algérie va se doter prochainement de lycées d'excellence pour former des élites capables de participer au développement du pays. C'est ce qui ressort de l'entretien groupé accordé à trois quotidiens nationaux par le ministre de l'Education nationale. Selon M. Benbouzid, ce projet sera concrétisé dans plus d'un an. Le temps de préparer un projet de décret exécutif déterminant la création et le fonctionnement de ce type de lycée. “Il faut du temps pour mettre tout en place, notamment la construction de ces établissements ainsi que des internats pour bien prendre en charge ces élèves”, a expliqué le ministre de l'Education nationale. Il a ajouté que ce temps-là sera également consacré à la formation des cadres compétents capables d'accomplir leur devoir. Il faut noter que ces établissements d'excellence s'inscrivent dans le cadre de la réforme du système éducatif et visent à développer l'enseignement secondaire à travers l'ouverture de perspectives de concurrence entre les élèves. Il s'agit aussi de donner une chance aux étudiants excellents, lauréats au baccalauréat, de trouver un prolongement au sein de l'université et former ainsi une élite nationale dans les différents domaines de la science, de la technologie et de la connaissance. Le ministre a indiqué que cette expérience a déjà eu lieu mais cela n'a pas été d'un grand succès. “Il y a quelques années, nous avions ouvert des lycées d'excellence mais ils ont été fermés car il n'y avait pas de suivi au niveau de l'enseignement supérieur. Maintenant avec la réforme de l'université et l'ouverture des grandes écoles ainsi que le projet de pôle d'excellence établis par le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Harraoubia, nous pouvons relancer ces lycées d'excellence et arriver à des résultats satisfaisants”, a-t-il expliqué. Toujours dans ce sens, il a indiqué que son département travaillera en concertation avec celui de l'Enseignement supérieur afin de faire aboutir ce projet. Il est à noter que Boubekeur Benbouzid a exposé le projet de la création des lycées d'excellence au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, lors d'une audition d'évaluation consacrée au secteur de l'éducation nationale qui s'est tenue la semaine dernière. Avec le retour de ce projet, plusieurs questions s'imposent : quels sont les critères pour choisir les élèves excellents ? L'excellence se mesure-t-elle aux seules normes scolaires ? L'élève est excellent par rapport à quoi ? N'y a-t-il d'excellence que le succès aux études secondaires ? Sachant que cette expérience n'a pas connu grand succès dans les pays européens notamment en France. De l'avis des pédagogues, ce type d'école risque de créer des complexes parmi les élèves. Cependant, comment peut-on parler de lycées d'excellence alors que le niveau des élèves est souvent critiqué par les enseignants, les inspecteurs et notamment les parents d'élèves. Ces derniers parlent même de régression de l'école algérienne. Selon M. Benbouzid, il ne s'agit pas de baisse de niveau des élèves, bien au contraire la réforme scolaire a pu régler plusieurs problèmes dont souffre l'école. Pour sa part, tout est question d'indicateurs et de statistiques. Après être revenu sur les taux d'enseignants en formation, le nombre des établissements en construction et le projet quinquennal, il a déclaré que “ l'évaluation se fait sur la base d'indicateurs. Depuis le début de la réforme, nous avons enregistré des résultats impressionnants : 70% de taux d'inscriptions au préscolaire, la scolarisation a atteint les 97% et le taux de réussite aux examens de fin de cycle est en progression d'une année à une autre”, a-t-il argumenté. Il a précisé que l'Ecole algérienne est citée par les organismes internationaux notamment l'Unesco comme exemple. “Nous sommes passés d'une école sinistrée à une école classique. Il n'y a pas de domaine où l'Ecole algérienne ne se distingue pas. Je suis satisfait des résultats de la réforme”, a-t-il ajouté. En aucun cas le ministre n'a parlé de niveau scientifique des élèves qui est souvent critiqué ; tel que les lacunes en langue arabe, en langue française et notamment en mathématiques. Sachant que les Algériens ont obtenu la 104e place (dernière) lors du concours international des Olympiades des mathématiques en Allemagne. “Ce n'est qu'un concours, et ce ne sont pas toujours les meilleurs qui participent”, a-t-il justifié. Au sujet de l'approche par compétence, qui consiste, selon lui à “passer d'une tête pleine à une tête bien faite”, le ministre a expliqué que cette méthode privilégie la participation de l'élève à la réalisation du cours et le développement de l'esprit d'analyse de l'élève. Pour le moment, cette méthode n'est pas généralisée à tous les paliers. Elle n'est appliquée qu'au primaire et au moyen. “Il n'est pas question de programmer l'approche par compétence aux examens tant que nous n'avons pas encore généralisé cette méthode au secondaire. Pour arriver à cela, nous devons former des enseignants afin de bien transmettre le savoir”, a-t-il répondu. À la question de la revendication syndicale et notamment la menace du boycott de la rentrée scolaire, M. Benbouzid a déclaré que “dans aucune de mes rencontres avec les syndicats, les plus représentatifs, je n'ai eu à entendre pareille menace”. Les enseignants sont des fonctionnaires responsables, ils ne vont pas bloquer la rentrée scolaire. Pour ce qui est du dossier du régime indemnitaire, il a annoncé que des consultations ont débuté avec les syndicats et une commission mixte syndicats-MEN a été installée. Ses membres travaillent en vue de dégager des propositions concrètes. Des réunions sont programmées avec les partenaires en vue de rapprocher les positions des uns et des autres. “Pour ma part, l'essentiel est en train de se faire, dès que le dossier sera finalisé, il sera transmis au gouvernement”.