Soumis à une forte pression internationale, le Premier ministre israélien développe ce qu'Israël a toujours fait, la diversion. Voilà qu'il menace d'envahir son voisin libanais qu'il accuse d'agression et contre lequel il a même déposé une plainte aux Nations unies ! Après des menaces caractérisées contre l'Iran à qui il promet la destruction de son complexe nucléaire, comme il l'avait fait en Irak de Saddam Hussein, L'Etat hébreux crie à qui veut l'entendre que Beyrouth était directement concerné par les tirs de roquettes de vendredi provenant du Sud-Liban dans son territoire. Nous tenons le gouvernement libanais comme responsable de cette attaque, a martelé Netanyahu, sous-entendant qu'il se donnait le droit d'exercer son droit de poursuite, bien que cette fois-ci les Israéliens réfléchissent à deux fois avant de se lancer dans un autre envahissement du Liban. Le prédécesseur de Netanyahu avait fait les frais de l'aventure libanaise en 2006 lorsque sa fameuse guerre éclair contre le mouvement chiite libanais s'est soldée par un échec, une crise en Israël avec la révélation que le Hezbollah pouvait remettre en question l'invincibilité de Tsahal. La nouvelle tension avec le Liban est intervenue au moment où le médiateur américain pour le Proche-Orient arrive tout juste sur place. C'est cousu, encore une diversion à l'israélienne, ont conclu les observateurs de la scène moyen-orientale. Le décor est planté : les militaires israéliens ont été placés en état d'alerte à la frontière nord et hasard du calendrier (!), l'armée israélienne a procédé avant les tirs de roquette à d'importantes manœuvres à la frontière avec le Liban, avec comme objectif d'être prêt si un conflit éclatait de nouveau avec le Hezbollah, dans le cas où, par exemple, Israël attaquerait les installations nucléaires de l'Iran qui soutient le Hezbollah. C'est dans ce climat lourd et compliqué par la crise gouvernementale au Liban où le premier ministre Hariri a dû abandonner son ouverture sur l'opposition, que George Mitchell a entamé dimanche une nouvelle série de rencontres avec les dirigeants israéliens et palestiniens, dans une nouvelle tentative de relance des négociations de paix. Hier, il s'est entretenu avec Netanyahu avant de rejoindre aujourd'hui le président palestinien, Mahmoud Abbas. Auparavant, le Premier ministre israélien s'était rendu au Caire où Moubarak devait constater qu'Israël n'a pas changé d'un pouce. Et les discussions de l'envoyé d'Obama devaient porter sur le gel de la colonisation réclamé par l'ensemble de la communauté internationale, de Washington à Bruxelles, alors que le gouvernement de droite en Israël n'envisage jusqu'à présent qu'un petit coup de frein symbolique, à portée limitée. Une entente sur cette question-clé devrait permettre une rencontre tripartite entre Netanyahu, Abbas et le président américain Barack Obama à New York fin septembre, en marge de l'assemblée générale de l'ONU. Mais ce n'est pas dans le programme de Netanyahu qui n'arrête pas de faire savoir que la construction de nouveaux logements était un préalable avant tout gel de la colonisation ! Les Palestiniens crient au scandale et n'ont d'autres ressources que d'interpeller Washington lequel constate qu'Israël fait la sourde oreille à ses supplications et injonctions. Netanyahu accélère les chantiers de construction dans les implantations en Cisjordanie, et ce n'est qu'ensuite qu'il pourrait accepter un moratoire de plusieurs mois, a-t-il promis à son interlocuteur américain. Et ce jeu n'a pas l'air d'indisposer outre mesure les Américains qui, tout le monde le sait, ont les moyens de faire plier les Israéliens, fussent-ils des faucons. Faut-il rappeler que les territoires palestiniens, découpés en dentelles et réduits à une peau de chagrin, sont colonisées par 300 000 Israéliens et qu'à Jérusalem-Est, en théorie capitale du futur Etat palestinien, résident quelque 200 000 autres Israéliens et tous de l'extrême droite, adeptes du grand et fantasque Israël.