Le Forum des chefs d'entreprise revendique une plus grande implication de la petite et moyenne entreprise dans le plan quinquennal 2009-20014. “Les PME doivent profiter des politiques de relance. Que les pouvoirs publics lui reconnaissent sa place dans le développement à venir”, a souligné le président du Forum des chefs d'entreprise lors d'une soirée-débat sur le thème “La place de l'entreprise algérienne dans le nouveau plan quinquennal 2009-2014”, organisée lundi à l'hôtel El-Aurassi (Alger), regrettant l'absence de concertation dans la conduite des réformes. M. Réda Hamiani trouve floue la place réservée à l'entreprise, notamment privée, dans le plan quinquennal 2009-2014, indiquant que les politiques de relance adoptées, jusque-là, ont atteint leurs limites parce qu'elles ne sont pas endogènes. “Pourquoi l'entreprise de notre pays ne tire pas un meilleur profit du fort potentiel de l'économie algérienne ? Pourquoi l'essor attendu depuis de nombreuses années n'arrive pas à se concrétiser ?”, s'est interrogé le président du FCE, en évoquant l'ouverture commerciale “mal maîtrisée” et un environnement qui “tue toute velléité de développement et de croissance”. Pourtant l'économiste Abdelmadjid Bouzidi a dressé un tableau des plus prometteurs avec des perspectives très encourageantes de l'économie algérienne. Chiffres à l'appui, M. Bouzidi a fait ressortir le potentiel de croissance qui existe en Algérie. À l'écouter, toutes les conditions sont réunies pour faire de l'Algérie un pays émergent. L'ancien conseiller économique de l'ex-président de la République, Liamine Zeroual, affirme que les différents plans de relance lancés par les pouvoirs publics ont produit un retour de la croissance, notamment hors hydrocarbures, indiquant que de 2006 à 2008, c'est le secteur des hydrocarbures qui a tiré la croissance vers le bas. “La politique keynésienne de relance a donc fonctionné”, a estimé Abdelmadjid Bouzidi, en plus l'Algérie, grâce au prix du pétrole, a engrangé 348 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures entre 2000 et 2008. Une cagnotte utilisée, entre autres, pour rembourser la dette dans la constitution des réserves de change, dans le fonds des recettes qui constitue, aujourd'hui, une importante capacité d'autofinancement dans les salaires et les transferts sociaux et enfin dans le financement des plans publics sans précédent. Pourquoi alors l'entreprise nationale va mal alors que le pays regorge de richesses ? M. Bouzidi parle de deux facteurs pénalisants. “Notre économie est très peu protégée et nous n'avons pas de politique de préférence nationale”. Résultat : explosion des importations au détriment de la production nationale. L'évolution du commerce extérieur est qualifiée par M. Mouloud Hédir “de menace pour la sécurité nationale”. “La relance par la demande a atteint ses limites”, soutient l'économiste Bouzidi. “On ne peut plus continuer à injecter de l'argent dans des travaux d'infrastructures. Il faut passer des politiques conjoncturelles aux politiques structurelles. Celles qui agissent sur les rigidités de l'économie nationale. Il faut revoir l'organisation, la régulation, et l'accumulation. Il faut reprendre les réformes économiques qui sont à l'arrêt. Il faut améliorer la politique de l'offre. Il faut soutenir les entreprises, notamment privées qui font 80% de la valeur ajoutée globale”, plaide M. Bouzidi, soulignant la nécessité de consacrer 10 à 30% des marchés publics aux PME nationales. M. Bouzidi plaide, par ailleurs, pour la nécessité de protéger l'entreprise par l'Etat citant les exemples dans ce domaine de l'Inde, de Taiwan, de l'Indonésie, de la Malaisie et de la Chine. “La forte implication de l'entreprise algérienne dans le prochain plan passe par, entre autres, l'amélioration du climat des affaires et la stabilisation du cadre des investissements”, a estimé pour sa part, l'économiste Mustapha Mekidèche, jugeant le climat des affaires médiocre, même s'il trouve certains éléments de classement des institutions internationales exagérés. Par contre, le vice-président du Cnes affirme que le cadre macroéconomie est favorable à l'investissement, en relevant certains éléments d'inquiétude, comme le retour de l'inflation. “Depuis 2005, l'inflation s'aggrave d'un point chaque année. En 2005, le taux d'inflation était 2,5% et on prévoit 5,5% pour 2009, un élément très préoccupant pour la croissance et les revenus”, explique M. Mekidèche. Le vice-président du Cnes plaide, lui aussi, pour “un fort soutien à l'entreprise, pour l'émergence de champions”, estimant que dans certains secteurs comme la téléphonie et le BTPH, il est possible de construire de grandes entreprises. Par ailleurs, certains opérateurs économiques ont vivement critiqué l'instauration du crédit documentaire comme seul moyen de paiement des importations. “Le problème est que nous n'avons aucun moyen de vérifier cette marchandise. En plus, nous sommes obligés de mobiliser le montant de la transaction au niveau de la banque qui garantit le paiement pour le fournisseur mais il y a beaucoup d'entreprises qui ne peuvent pas assumer cette trésorerie”, a indiqué un chef d'entreprise. Une opinion partagée par Amar Zyad de l'Unop. “Il ne faut pas diaboliser le Credoc”, a répondu le délégué de l'Association des banques et établissements financiers. M. Abderrahmane Benkhalfa, affirme que le Credoc permettra de professionnaliser le métier d'importateur. “Rassurez-vous quand le Credoc sera bien pratiqué, il ne restera que “shahs”, que les professionnels”, a-t-il souligné, en relevant que parallèlement à la hausse des importations, il y a eu un effritement du tissu de PME/PMI. Des filières entières se sont vidées.