Le président du Forum des chefs d'entreprise affirme avoir reçu des assurances du Chef du gouvernement sur la poursuite des réformes économiques “sur le modèle libéral”, “avec des mesures d'encadrement plus importantes et une régulation plus musclée”. Le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia semble avoir dissipé les inquiétudes du patronat, du moins du Forum des chefs d'entreprise, au sujet des dernières mesures prises par les pouvoirs publics en matière d'investissement et du foncier. “Nous sommes sortis rassérénés, mieux renseignés sur les contours économiques et la nouvelle politique, persuadés que le rôle de l'Etat n'est plus d'assister passif à des détériorations ou des dysfonctionnements. Notre point de vue est que maintenant il y a une meilleure prise en main des questions économiques, une plus grande cohérence entre les départements économiques”, a affirmé, mercredi passé dans la soirée, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) Réda Hamiani, en faisant le compte-rendu de la rencontre, du 11 septembre dernier, avec le Chef du gouvernement, lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel Hilton d'Alger. Le président du FCE estime avoir reçu des assurances du Chef du gouvernement sur la poursuite des réformes économiques “sous le modèle libéral”. “Il n'y a pas de changement de cap. Il n'y a pas de retour au système centralisé. On est dans le libéralisme et l'ouverture avec des mesures d'encadrement plus importantes et une régulation plus musclée”, estime M. Hamiani, satisfait “de la disponibilité d'Ouyahia”. L'Algérie n'a pas tiré assez profit des IDE Le Forum des chefs d'entreprise est également satisfait par les mesures prises par le gouvernement pour recadrer l'investissement étranger. “Nous sommes en phase avec les autorités pour revoir la copie de ces IDE”, souligne M. Hamiani. Le président du FCE pense avoir été mal compris sur cette question. “Nous ne sommes pas pour le protectionnisme. Nous sommes pour l'ouverture. Ce que nous avons déploré, ces dernières années, c'est le traitement de faveur du partenaire étranger par rapport au partenaire local”, précise le patron des patrons. M. Hamiani affirme avoir dit au Chef du gouvernement que le FCE n'est pas “hostile aux IDE”. Le patron des patrons souligne que le développement industriel dans un pays se fait avec les enfants de ce pays. “Nous n'avons pas vu d'exemple d'un développement national opéré par des étrangers. Cela n'existe pas. Ce sont d'abord les nationaux qui assurent le développement et la croissance de ce pays”, argumente M. Hamiani. Pour autant, le président du FCE pense que les IDE sont nécessaires. “Notre économie n'a pas les ressources, en termes d'innovation et de progrès techniques, suffisantes. Une croissance algéro-algérienne n'a pas de sens. Il faudrait qu'il y ait des IDE qui accepteraient de s'investir en Algérie en faisant l'apport d'une technologie et d'un savoir-faire”, explique le président du FCE. “On aurait souhaité que chacun des investissements étrangers en Algérie crée autour de lui 10 petites et moyennes entreprises, une école ou un centre de formation ; ce n'est pas le cas”, ajoute-t-il. M. Hamiani constate que l'Algérie n'a pas tiré assez profit des IDE. “Nous n'avons pas été gratifiés en volume et en qualité”, regrette-t-il. Par ailleurs, les autorités ont failli parce que dans l'appréciation des IDE, il n'a pas été fait cas de la balance devises. “Le Chef du gouvernement, tout comme le FCE, n'est pas contre les IDE, cependant, nous avons intérêt à mieux encadrer les investissements directs étrangers”, conclut M. Hamiani. L'économie libérale implique le renforcement des capacités productives de l'entreprise privée “Nous ne croyons pas qu'une économie de marché puisse être conduite par un secteur public dominant. Cela n'existe nulle part au monde”, indique le président du Forum des chefs d'entreprise pour qui l'économie libérale implique le renforcement des capacités productives de l'entreprise privée. “Nous ne sommes pas des adeptes du libéralisme pur et dur”, précise M. Hamiani, plaidant pour un équilibre entre le rôle de l'Etat dans sa fonction essentielle de régulation et celui de l'entreprise considérée comme seule source de création de valeur et de richesse. “Pour nous, c'est une certitude que la sortie de crise passera par le renforcement des capacités, du rôle et des missions de l'entreprise”, souligne le premier responsable du FCE. En présentant la conjoncture économique de l'Algérie au Chef du gouvernement, le Forum des chefs d'entreprise s'est alarmé sur la désindustrialisation de l'Algérie, avec une part de l'industrie dans la formation du Produit intérieur brut estimée à 5%, pendant qu'en Tunisie et au Maroc elle dépasse largement les 15% et 18%. Les entreprises dans le secteur industriel ont des stratégies de survie. Chaque jour elles perdent des parts de marché au profit de l'importation qui, elle, prend l'ascenseur, “avec une énorme facture pour l'automobile, le médicament, le lait…” “S'il n'y avait pas l'embellie financière on se demande comment on aurait fait ?”, s'interroge M. Hamiani. Le président du FCE constate que “le commerce et les importations constituent les locomotives. L'industrie devient le parent pauvre”. Le président du Forum des chefs d'entreprise estime avoir reçu également des assurances quant au rôle central de l'entreprise PME/PMI dans la croissance et le développement. “Le destin et l'avenir dans ce pays appartient à la PME/PMI”, a affirmé le Chef du gouvernement au responsable de l'association patronale. Le président du FCE a été aussi rassuré sur la présence d'entreprises privées dans les groupes que les pouvoirs publics envisagent de mettre en place dans le cadre de la stratégie industrielle. Si l'informel n'est pas endigué, il finira par asphyxier l'économie réelle L'autre préoccupation exprimée par le Forum des chefs d'entreprise, c'est l'emprise grandissante de l'informel. Cet informel, s'il n'est pas endigué, finira par asphyxier l'économie réelle. Sur le foncier, “le schéma proposé par le gouvernement, à savoir la concession” convient au Forum des chefs d'entreprise. “Nous avons l'avantage de ne pas mobiliser les montants financiers nécessaires à l'accès en toute propriété du terrain. Ces montants pourraient être investis au titre du développement de l'activité”, explique M. Hamiani. Concernant l'interdiction de la vente sur plan, M. Benabdeslem, vice-président du Forum, affirme qu'ils n'ont pas entendu, explicite et clair que c'est interdit. La position du FCE est que “si on arrête la vente sur plan dans le cadre de la promotion immobilière, on tue la promotion immobilière”. M. Benabdeslem rappelle l'existence en Algérie d'un texte suffisamment clair pour garantir les intérêts des acquéreurs. Meziane Rabhi