La bonification des taux d'intérêt, que devront débourser les acquéreurs, qui passent de 6% à 1%, n'est pas sans inquiéter les promoteurs quant à l'avenir des projets déjà en place. Dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 qui tend à promouvoir le crédit immobilier, le directeur d'études au ministère de l'Habitat, Lyes Ferroukhi a soutenu lors d'une conférence-débat portant sur “la promotion immobilière : état des lieux et perspectives”, animée, hier, au siège d'El- Moudjahid, à Alger, que “la loi de finances dit que les crédits immobiliers seront bonifiés. Cela veut dire que si le taux d'intérêt fixé par les banques est de 6%, le demandeur de crédit ne payera que 1%, le reste sera assuré par le Trésor public. Il va y avoir plus de solvabilité, par la même occasion plus de personnes qui demanderont un crédit au logement, mais il faut que le logement soit neuf”. Sauf que la décision de bonifier les taux n'est pas du goût de tout le monde, surtout en ce qui concerne le délai d'application. Ainsi, Ameur Yahiaoui, chargé de la communication au niveau de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) explique : “le crédit bancaire est une excellente initiative pour les acquéreurs de logements. Les promoteurs immobiliers, qui sont en train de réaliser des LSP et autres, ont un problème lié à l'application de cette décision. Les acquéreurs attendent l'application de ce taux bonifié supplémentaire mais il ne faut pas que cela nuise aux projets qui sont en place. Le pire est que nous ne savons pas combien de temps prendra l'application de cette loi. Il y a des personnes qui ne veulent pas déposer de demande de crédits. Bien qu'elles soient bénéficiaires de LSP, elles attendent l'application de cette loi”. Or, le promoteur immobilier a besoin de ce financement qui dépend de trois acteurs : le promoteur, l'acquéreur et la banque. “En fait, il y a une sorte de psychose chez les gens qui s'installent dans l'attente, car l'acquéreur ne dépose pas son dossier à la banque pour avoir le crédit, attendant ainsi un taux meilleur que l'actuel. Mais cela va durer combien de temps ?”, s'interroge-t-il. De son côté, le représentant du ministère, M. Ferroukhi, a appelé à plus de productivité de logements pour répondre à une demande croissante. Il assure que cet objectif peut être atteint grâce à la solvabilité et la procuration de toutes les conditions et tous les moyens. C'est l'affaire de tous et pas uniquement celle du ministère de l'Habitat. D'autre part, M. Yahiaoui a souligné que “la spéculation sur les matériaux de construction fait que les prix de l'immobilier grimpent”. Selon lui, la promotion immobilière consiste en la réalisation de 200 000 logements par an en moyenne pour le quinquennat 2005-2009. Dans le but de dynamiser la promotion du logement, il faut que ce chiffre augmente un peu plus et évolue avec la hausse de la population pour atteindre en moyenne 300 000 logements par an. La réunion des moyens de la promotion du bien immobilier étant l'affaire de plusieurs intervenants, chacun doit contribuer à sa manière et à son niveau. Les cimenteries, par exemple, doivent régler le problème lié à la disponibilité et au prix du ciment en augmentant leur production. Il faut aussi que les entreprises soient plus performantes et productives, en accroissant leurs capacités de production. Les avantages fiscaux et parafiscaux proposés dans le cadre de la promotion immobilière ne concernent pas uniquement le logement puisque le taux des impôts sur le bénéfice est également revu, mais cela doit répondre à un certain nombre de conditions et exigences. “Pour notre part, nous favorisons les cas sociaux, les revenus intermédiaires, les bas et moyens revenus”, soutient M. Ferroukhi. Pour le directeur du Collège national des architectes, Abdelhamid Boudaoud, il n'y a pas de crise de logement mais une mauvaise gestion. D'après lui, “si le prix du terrain a flambé, c'est parce que les gens sont obnubilés par la crise. Nous avons 15 481 communes sur le territoire national, si chaque commune recense son patrimoine foncier, immobilier, ses besoins et ses manques, là nous pourrons diagnostiquer soit une crise ou alors une mauvaise gestion”.